Liberté de la presse en Guinée : des avancées… et de grandes zones d’ombre


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Liberté de la presse
Liberté de la presse

À Conakry, les débats du Forum sur l’avenir de la presse ont permis d’esquisser des pistes de réforme prometteuses pour structurer le paysage médiatique guinéen. Mais derrière les promesses de régulation et de professionnalisation, le silence sur les médias réduits au silence et la disparition d’un journaliste jette une ombre sur la sincérité de l’engagement des autorités. Entre avancées techniques et zones d’ombre politiques, la liberté de la presse reste plus fragile que jamais.

Après trois jours d’intenses discussions à Conakry, le Forum sur l’avenir de la presse en Guinée a livré ses conclusions le 21 mai dernier. Si des propositions ambitieuses ont été formulées pour renforcer le cadre professionnel et juridique du secteur, les atteintes à la liberté de la presse, notamment les fermetures arbitraires de médias et la disparition d’un journaliste, ont été largement éludées. Ce silence soulève de vives inquiétudes quant à l’engagement réel des autorités à garantir un espace médiatique libre et pluraliste.

Des propositions ambitieuses pour réformer le paysage médiatique

Organisé par la Haute Autorité de la Communication (HAC), ce forum visait à repenser les fondements du journalisme guinéen. Deux mesures majeures ont émergé : la création d’un organe d’autorégulation de la presse et l’élaboration d’une convention collective nationale. Ces avancées sont saluées par les syndicats et les professionnels, qui réclament depuis longtemps un cadre plus protecteur pour les journalistes. D’autres recommandations, touchant à la formation, à la régulation du numérique et au financement des médias, montrent une volonté d’adapter le secteur aux défis contemporains.

Mais ces progrès apparents peinent à masquer certaines omissions. L’absence de débat sérieux sur les fermetures de médias comme FIM, Djoma ou Espace est perçue par de nombreux acteurs comme un aveu de faiblesse. Ces stations, pourtant emblématiques du paysage audiovisuel guinéen, sont réduites au silence depuis plus d’un an. Si la HAC affirme ne pouvoir intervenir tant que la Cour suprême n’a pas tranché, cette posture attentiste est jugée hypocrite par une partie de la profession, qui déplore une forme de complicité passive.

Une inquiétante indifférence face à la disparition d’un journaliste

Autre sujet sensible : la disparition du journaliste Habib Marouane Camara, introuvable depuis six mois. Bien que mentionnée dans les recommandations finales, la question n’a été que brièvement évoquée lors des débats. Le président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, a certes appelé à la poursuite des enquêtes, mais sans donner de garanties concrètes. Pour les défenseurs de la liberté de la presse, cette disparition reste le symbole tragique des menaces persistantes qui pèsent sur les professionnels de l’information en Guinée.

Si le forum a permis de poser les bases d’une meilleure organisation du secteur, encore faut-il que les recommandations se traduisent en actes. L’extension des compétences de la HAC aux plateformes numériques, la création d’un fonds de soutien à la presse ou encore la mise en place d’un cadre de dialogue entre journalistes et forces de sécurité sont autant d’idées pertinentes.

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