
Le Burkina Faso a déclaré, ce lundi, la coordonnatrice résidente des Nations, Carol Flore-Smereczniak, « persona non grata ». En cause : sa responsabilité dans l’élaboration d’un rapport onusien sur les enfants et le conflit armé, que Ouagadougou accuse de contenir des « informations graves et mensongères ».
Selon un communiqué officiel, la diplomate mauricienne est sanctionnée pour avoir coprésidé la rédaction du rapport du secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés au Burkina Faso. Le gouvernement burkinabè reproche au document d’avoir compilé « des données sans sources objectives, sans preuves ni justificatifs » et de véhiculer des affirmations « sans fondements » mettant en cause les forces armées burkinabè.
Carol Flore-Smereczniak sommée de quitter le pays
Ouagadougou dénonce particulièrement le fait que le rapport cite « indistinctement les terroristes et les institutions de défense et de sécurité du Burkina Faso », une présentation jugée inacceptable. Pour le régime burkinabè, ce document s’apparente à une « compilation de contre-vérités » qui ternit l’image des « vaillants combattants » engagés contre les groupes armés jihadistes. De l’avis des autorités burkinabè, cela est suffisant pour expulser Carol Flore-Smereczniak en poste dans le pays depuis juillet 2024, après avoir occupé la fonction de représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire entre 2020 et 2024.
Le gouvernement l’a officiellement déclarée « persona non grata » et exigé son départ. Une mesure lourde, mais pas inédite : en décembre 2022, le régime militaire avait déjà expulsé l’Italienne Barbara Manzi, qui occupait le même poste.
L’avenir des relations Burkina-ONU en question
Cette décision illustre une nouvelle fois la méfiance grandissante des militaires au pouvoir au Burkina Faso envers les institutions internationales. Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a multiplié les signes de défiance vis-à-vis de l’ONU, de l’Union européenne et de certaines ONG, accusées de partialité ou d’ingérence. Le Burkina Faso, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Niger, s’inscrit depuis quelques mois dans une dynamique de rupture avec certains partenaires occidentaux et de rapprochement stratégique avec la Russie.
L’expulsion de Carol Flore-Smereczniak traduit la détérioration des rapports entre Ouagadougou et l’ONU. La question qui se pose est de savoir si la décision que vient de prendre le Burkina Faso aura des répercussions sur la coordination de l’aide humanitaire toujours nécessaire dans le pays. Pour l’heure, les Nations unies n’ont pas officiellement réagi à cette expulsion. Mais le rappel d’un deuxième haut représentant onusien en moins de trois ans pourrait accentuer l’isolement diplomatique du Burkina Faso, déjà engagé dans une stratégie de souveraineté revendiquée et de partenariat privilégié avec Moscou.