Brassens en Chaâbi algérien, une jolie fleur déguisée en warda !


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Djamel Djénidi, artiste algérien installé en France, nous offre un délicieux album de Brassens chanté en algérien. Avec « De Sète à Alger, Brassens chanté en chaâbi », s’accompagnant de sa mandole, il réussit le pari fou d' »orientaliser » le répertoire d’un artiste resté immensément populaire dans le monde francophone – et pas que ! – plus de 30 ans après sa disparition. Une vraie réussite !

Voilà un disque qui fera mentir tous ceux qui croient à un prétendu «choc des cultures» entre Nord et Sud de la Méditerranée ! Djamel Djenidi, Algérien installé en France, et à Montpellier plus précisément, reprend ici une douzaine de titres de Brassens, qu’il chante avec une instrumentalisation «orientalisante», et dont il chante même deux titres… traduits en chaâbi algérien ! (le chaâbi étant le langage parlé en Algérie, par opposition à l’arabe classique, que personne ne parle mais qui est la langue des livres et des journaux).

Et le croirez-vous ? On jurerait que ces chansons, «Françaises pur jus» diraient certains, ont été composées… par un artiste algérien ! Bravo à Djamel Djenidi d’avoir ainsi chanté en arabe «Une jolie fleur» (qui devient ici «Khad el warda»), et je suis sûre que si l’on faisait écouter cette chanson, en arabe algérien, à une assemblé de vieux Algériens qui n’auraient jamais entendu parler de Brassens, ils la prendraient pour une chanson originale chaâbi de leur pays !

Bravo aussi à Djamel d’avoir osé une magnifique introduction, éminemment orientale, accompagné par sa mandole, à sa reprise de «Je rejoindrai ma belle» (Twahacht h’bibti – Mon amour me manque). Et toute la tristesse de la sublime chanson «Les passantes», chantée en français, est sublimée par les quelques mesures d’introduction de ce titre, orientales également…

Cet album nous prouve ce que nous savons depuis longtemps : que les musiques autour de ce bassin antique n’ont cessé de circuler, et qu’elles sont toutes cousines, apparentées par les rythmes, les textes, et l’esprit.
Mais le plus troublant ici est encore … la VOIX de Djamal Djenidi, extraordinairement proche de celle de Georges Brassens, qui semble s’être réincarné dans un artiste algérien aujourd’hui installé à Montpellier, c’est-à-dire à deux pas de Sète, ville natale du grand Georges… De la magie, vous dis-je…

L’album est disponible à la vente auprès de l’association Auprès de son arbre, qui regroupe des fans de Brassens, et qui a produit l’album.

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