Bénin : l’aviation nigériane frappe après le coup d’État manqué


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Tentative de coup d'Etat au Bénin
Tentative de coup d'Etat au Bénin

Quelques heures après l’annonce d’un putsch à Cotonou, le Nigeria a lancé des frappes aériennes pour soutenir le Président Talon. La CEDEAO déploie sa force en attente.

L’onde de choc d’une nouvelle tentative de coup d’État en Afrique de l’Ouest a été violemment ressentie ce dimanche 7 décembre à Cotonou. Quelques heures après que des militaires ont annoncé à la télévision nationale la destitution du Président Patrice Talon, le Nigeria voisin est passé à l’action. L’armée de l’air nigériane a mené des frappes aériennes ciblées sur la capitale économique du Bénin.

L’activation immédiate des protocoles de la Cedeao

L’intervention aérienne du Nigeria, puissance régionale et poids lourd de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’est faite « en ligne avec les protocoles de la Cedeao et de la force régionale en attente« , selon le Commandeur Ehimen Ejodamen, porte-parole de l’armée de l’air nigériane. L’opération a été confirmée par une source présidentielle à Abuja, soulignant l’engagement du Nigeria dans la sécurité régionale.

Ce déploiement est une réponse directe à la tentative de putsch survenue dimanche matin, où des soldats ont invoqué la « dégradation de la situation sécuritaire » et la remise en cause des « libertés fondamentales » pour justifier leur action. Face à cette « forfaiture« , comme l’a qualifiée le Président Talon, l’organisation régionale a rapidement mobilisé ses forces.

Des cibles précises et un déploiement multinationale

La présidence nigériane a précisé en soirée avoir agi sur « deux requêtes du gouvernement béninois » pour « sauvegarder l’ordre constitutionnel« . Le Chef de l’État nigérian, Bola Tinubu, aurait ainsi ordonné l’entrée d’avions de combat dans l’espace aérien béninois pour aider à « déloger les putschistes de la télévision nationale et d’un camp militaire où ils s’étaient regroupés« , en plus du déploiement de troupes au sol.

Bien que les autorités nigérianes n’aient pas révélé la nature exacte des objectifs visés par l’aviation, cette intervention dans une capitale voisine marque une escalade notable. Le Bénin n’avait pas connu de coup d’État réussi depuis 1972, et cette crise souligne la volatilité persistante de la région.

La Force en attente de la CEDEAO en action

La CEDEAO a annoncé dans la soirée avoir « ordonné le déploiement immédiat d’éléments de la Force en attente » sur le territoire béninois. Ces troupes proviennent du Nigeria, mais aussi de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Leur mission est de soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine du Bénin » et de « préserver l’ordre constitutionnel« .

Cette mobilisation rappelle l’intervention réussie en Gambie en 2017, bien que la Force en attente ait renoncé à intervenir après le coup d’État au Niger en 2023. L’Union africaine et le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ont également condamné fermement la tentative de prise de pouvoir, appelant au respect de l’ordre constitutionnel.

Le calme précaire et les interpellations

Dans l’après-midi, un calme « totalement sous contrôle » selon la Présidence, régnait à Cotonou, même si la capitale économique s’est vidée plus tôt que d’habitude. Des barrages militaires étaient visibles dans la zone de la Présidence et du camp militaire de Guézo.
Selon des sources militaires, une douzaine de soldats ont été arrêtés. Le gouvernement béninois, par la voix du ministre de l’Intérieur Alassane Seidou et du Président Patrice Talon, a assuré que le coup d’État avait été déjoué et que cette « forfaiture ne restera pas impunie« .

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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