
Désormais officiellement hors course pour la Présidentielle 2026 au Bénin, Me Renaud Agbodjo, candidat recalé des Démocrates, prend une décision importante, dénonce des « dysfonctionnements internes » au sein de son parti et appelle à la paix.
Au lendemain de la décision de la Cour constitutionnelle confirmant le rejet définitif de sa candidature à la Présidentielle de 2026, Me Renaud Agbodjo, figure montante du parti Les Démocrates, a annoncé, mardi 28 octobre, son retrait temporaire de la vie politique. Dans une déclaration empreinte d’émotion, le jeune avocat dit vouloir « faire une pause » après une séquence électorale qu’il juge « éprouvante et révélatrice ».
Une décision motivée par le rejet de sa candidature
Le 27 octobre, la Cour constitutionnelle a confirmé le rejet des recours introduits par Renaud Agbodjo et son colistier Jude Lodjou contre la Commission électorale nationale autonome (CENA). Le duo désigné par Les Démocrates avait vu son dossier invalidé pour défaut de parrainage. À l’origine, l’un de leurs parrains, le député Michel Sodjinou, avait fait annuler par ordonnance du tribunal de Cotonou sa fiche de parrainage remise au président du parti, Boni Yayi, plongeant le parti dans l’embarras. Le dossier de candidature du duo Agbodjo-Lodjou ne comptait alors que 27 parrainages valides sur les 28 requis, entraînant son rejet.
Reconnaissant la légalité de la décision, Me Agbodjo n’en demeure pas moins critique surtout vis-à-vis de son parti. « C’est une décision malheureuse et dommageable, car j’ai été victime de dysfonctionnements internes à mon parti et d’une adversité globale », a-t-il confié, tout en ajoutant : « En tant que praticien du droit, je suis bien obligé, malgré moi, de prendre acte de la décision de la Cour constitutionnelle ».
Entre reconnaissance et désillusion politique
Le candidat recalé n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude envers les militants et sympathisants du parti. « J’ai été profondément touché par la ferveur populaire qu’a suscitée ma désignation. Je vous en suis infiniment reconnaissant », a-t-il déclaré.
Tout en saluant le leadership de Boni Yayi, Me Agbodjo a laissé transparaître une amertume contenue vis-à-vis des divisions internes au parti. « Nous connaissons tous les raisons internes qui ont conduit à cette situation. Ce fut une expérience difficile, mais riche d’enseignements ».
Pour lui, cette épreuve met en lumière les faiblesses structurelles de la formation politique d’opposition et les limites du système de parrainage, devenu un enjeu central du processus électoral béninois.
Un appel à la paix et à la réconciliation
Malgré la déception, Me Agbodjo a adopté un ton d’apaisement. Il a appelé ses partisans à rester calmes et à éviter toute forme de violence. « J’invite le peuple béninois à ne poser aucun acte de colère ou de représailles afin de préserver la paix sociale et la concorde », a-t-il exhorté.
Dans un geste salué par plusieurs observateurs, le juriste s’est également adressé directement au ministre d’État, Romuald Wadagni, désormais considéré comme le principal favori du scrutin présidentiel du 12 avril 2026 : « Monsieur le ministre d’État, votre responsabilité dans la conduite de la destinée du Bénin sera grande. Vous êtes brillant et compétent, c’est un secret de Polichinelle. Je vous exhorte, en cas de victoire, à œuvrer pour une réconciliation sincère entre toutes les sensibilités politiques, économiques et sociales de notre pays ».
Une déclaration que plusieurs analystes politiques interprètent comme un acte de maturité démocratique, contrastant avec la tension qui entourait l’échéance électorale de 2026.
Un retrait aux allures de transition
S’il se retire, Me Agbodjo n’exclut pas un retour futur à la vie publique. Il affirme vouloir se consacrer désormais à son cabinet d’avocats et à sa famille. « C’est une décision extrêmement difficile, mais longuement réfléchie », a-t-il insisté.
Pour de nombreux jeunes militants, cette annonce marque la fin prématurée d’un espoir générationnel, celui d’un renouveau porté par un visage jeune, juriste de formation et engagé pour la transparence démocratique. En se retirant avec dignité, Renaud Agbodjo laisse un message fort : celui de la primauté du droit sur la rancune politique et de la nécessité d’un débat démocratique apaisé. Son départ, aussi discret que symbolique, pourrait bien ouvrir une nouvelle réflexion sur la démocratie béninoise et les mécanismes qui régissent son fonctionnement électoral.




