Jacques Chirac à Alger : bain de foule pour le président français


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Jacques Chirac
Jacques Chirac

Le président français Jacques Chirac effectue une visite d’Etat en Algérie. Une première depuis l’indépendance du pays. Dimanche, des centaines de milliers de personnes ont assisté à son parcours officiel dans les rues d’Alger. Reportage.

Place Maurétania, 14h. Le beau temps fait des efforts. Autant que les agents du protocole algériens et français. L’arrivée des présidents Chirac et Bouteflika de l’aéroport d’Alger est saluée par la foule contenue par le cordon sécuritaire. Youyous, acclamations, signes des mains. Précédés par les cavaliers de la Garde républicaine, qui maîtrisent tant bien que mal leurs montures, Chirac et Bouteflika, à bord d’une rutilante Mercedes à toit ouvert et sièges rouges, rendent sourires et salutations. Ils semblent apprécier l’exercice.

Le long du boulevard Amirouche, des groupes folkloriques de musique offrent une polychromie bruyante. La joie ou l’expression d’une Algérie plurielle. Le président français affiche un franc et large sourire. « C’est la première fois que j’assiste à un tel accueil pour Chirac », relève un journaliste français habitué aux sorties présidentielles. Plusieurs de ses confrères demandent aux journalistes algériens si cet accueil est « spontané » ou pas… Des deux côtés du boulevard, fusent des salves d’ovations. Certains saluent avec des jonquilles. Les jeunes forment la majorité de la foule.

Bain de foule

Au niveau du Square Sofia, le wali d’Alger, Nourani, offre à Chirac les clefs de la ville, sous les canonnades des percussions de zorna et autres troupes du folklore. Le cortège présidentiel poursuit sa procession à pied sur une partie du boulevard Zighout Youcef. Chirac serre des mains. Bouteflika distribue sourires et fait des signes à la foule. Les cris des représentantes de SOS Disparus sont vite étouffés par le service d’ordre. La présidente de cette association, Yous Fatma, est insultée et malmenée par les policiers qui la traînent vers le commissariat de Cavaignac. Une autre femme de SOS Disparus, cardiaque et diabétique, a un malaise. Le bain de foule se poursuit imperturbable.

« Donnez-nous le visa », lance un jeune juché sur le parapet donnant sur la baie. Il change de discours dès qu’on lui met sous le nez le micro d’une radio étrangère : « N’mout h’na » (je mourrai ici). Pluie de confettis. Bousculade de reporters. Des jeunes filles aux tenues traditionnelles parsèment le parcours et suscitent la curiosité des reporters étrangers. Autant que la ghaïta et le bendir des gens du folklore.14 h 50. Devant le portail du siège de la wilaya, la chorale Nagham offre à l’invité de l’Algérie « Salam âlikoum ya l’hbab ». Rythme aux origines gnawies. La sono est mauvaise. Mais les choristes, aux couleurs bleu, blanc, vert et rouge, réussissent leur show sous les flashs de dizaines de photographes.

Le boulevard aux badauds

Chirac et Bouteflika applaudissent les jeunes artistes. Le temps presse. Les deux présidents poursuivent leur procession à bord de la voiture découverte devant le siège de l’APN. Aujourd’hui, Chirac aura un discours à faire devant le Parlement au Club des pins. Au Square Port Saïd, Chirac ne s’arrête pas longtemps dans cette bourse parallèle de change des devises, l’Euro en tête. Juste le temps de changer de véhicule. Cap sur Bab El Oued.

Le cortège passé, le boulevard du front de mer s’offre aux badauds. Le temps d’une liberté, une marche s’improvise. Sans mot d’ordre. Sans matraques à l’affût. Juste des promeneurs qui profitent du beau temps et de l’absence de la circulation motorisée. Les policiers du service d’ordre enlèvent leurs casquettes et marchent en sens inverse. Presque délivrés. Des jeunes rejoignent leurs quartiers de l’est d’Alger à bord de bus réquisitionnés par les communes. D’autres continuent à contempler les bateaux au port, les containers et la mer.

Par notre partenaire El Watan

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