
En rassemblant à Alger diplomates, experts et représentants des institutions africaines, la 12ᵉ édition du « Processus d’Oran » s’ouvre dans un contexte continental marqué par de profondes turbulences. Cette rencontre offre une plateforme pour harmoniser les positions africaines face aux crises persistantes et aux enjeux sécuritaires croissants. À travers cette initiative, l’Algérie réaffirme son engagement à promouvoir un dialogue constructif et à soutenir des solutions concertées, renforçant ainsi son rôle de dans la consolidation de la paix en Afrique.
Alger rappelle l’indifférence dangereuse face aux des crises en Afrique
L’Algérie accueille, à Alger, la 12ᵉ édition du séminaire du « Processus d’Oran », un cadre devenu incontournable pour la réflexion stratégique sur les enjeux sécuritaires du continent. Organisée en partenariat avec l’Union africaine (UA), cette rencontre de haut niveau réunit durant deux jours les membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA ainsi que les représentants africains actuels et entrants au Conseil de sécurité des Nations unies.
Pour l’Algérie, qui siège simultanément au CPS et au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent, cette édition 2025 revêt un caractère particulier. Elle reflète la confiance accordée au pays pour jouer un rôle de médiateur, de facilitateur et de porteur de solutions dans un contexte international profondément instable. Dans son discours d’ouverture, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mis en garde contre l’indifférence dangereuse de la communauté internationale face à des crises qui continuent de ravager l’Afrique.
L’Algérie sonne l’alerte sur les crises africaines oubliées
Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que la guerre déchirant le Soudan depuis 2023 s’enlise dans une tragédie humanitaire sans précédent, sans perspective de règlement politique. La Libye, quant à elle, demeure enfermée dans une fragmentation institutionnelle qui perdure depuis plus de 14 ans, malgré les appels répétés à une solution inclusive. Pour Attaf, ces conflits constituent des menaces directes pour la sécurité collective, alimentant l’instabilité, les flux migratoires irréguliers, la prolifération des armes et l’expansion des groupes terroristes.
Cette posture engagée s’inscrit dans la continuité du rôle historique de l’Algérie, qui n’a cessé de défendre les solutions politiques négociées. De la médiation inter-tchadienne dans les années 1980 à l’Accord d’Alger pour la paix au Mali en 2015 en passant par les médiations dans la crise libyenne depuis 2011, l’Algérie s’est imposée comme un acteur capable de rassembler, d’écouter et de proposer. Le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a salué la tenue du séminaire à Alger comme un signal fort de cohésion. Il a insisté sur l’urgence de réformer la gouvernance mondiale, notamment en corrigeant les injustices héritées de la période coloniale.
L’Afrique réclame une voix plus forte à l’ONU
L’Afrique, qui représente près d’un tiers des États membres de l’ONU, demeure le seul continent sans siège permanent au Conseil de sécurité. La revendication de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents supplémentaires reflète une demande croissante de représentativité équitable. L’Algérie, fidèle à sa tradition diplomatique de soutien aux causes africaines et aux mouvements de libération depuis les années 1960, porte activement cette revendication dans les forums internationaux.
Le « Processus d’Oran » constitue précisément l’un des espaces où se construit cette voix collective africaine. Le président du CPS, Kacou Léon Adom, a rappelé que le continent fait face à des défis multiples : montée du terrorisme, circulation incontrôlée des armes, présence de combattants étrangers et catastrophes climatiques aggravant les vulnérabilités humaines. Sur tous ces dossiers, l’Algérie joue depuis des années un rôle moteur. Son expérience dans la lutte contre l’extrémisme violent, fondée sur une approche globale combinant sécurité, déradicalisation et développement, héritée de la décennie noire, inspire aujourd’hui plusieurs mécanismes africains de prévention et de stabilisation.
Le Processus d’Oran : un espace de concertation devenu incontournable
L’hôte du séminaire s’illustre également par son engagement constant dans la formation, l’échange de renseignements et la coopération anti-terroriste au sein des structures de l’Union africaine, notamment le Centre africain d’Études et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) basé à Alger. Né il y a plus d’une décennie, le « Processus d’Oran » s’est imposé comme un cadre de dialogue entre les diplomaties africaines et le Conseil de sécurité de l’ONU. Il vise à renforcer la cohérence entre les positions africaines et les décisions onusiennes, notamment au travers du groupe « A3+ », composé des membres africains au sein du Conseil de sécurité.
En accueillant cette édition à Alger, l’Algérie confirme sa volonté d’intensifier la coordination africaine face aux défis sécuritaires. Le pays dirigé par Abdelmadjid Tebboune met également en avant son expertise diplomatique reconnue, fruit d’une tradition ancrée dans les principes de non-ingérence, de règlement pacifique des différends et de solidarité africaine.



