Algérie : Bouteflika privé de ses «lièvres»


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Le concert des déclarations de soutien au président algérien sortant, Abdelaziz Bouteflika, se poursuit sur fond de climat pré-électoral sans suspense. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) algérien, la plus importante organisation patronale du pays, a apporté jeudi son soutien à la candidature à la présidentielle du chef de l’Etat. Et aucun poids lourd de l’opposition n’a accepté de se présenter, refusant de cautionner une élection tronquée.

Simple formalité. Dans l’attente de la convocation du corps électoral, qui devrait intervenir sous peu, les annonces de soutien à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat poursuivent leur musique ronronnante. Après les trois partis de l’Alliance présidentielle, le FLN (Front de libération nationale), le RND (Rassemblement national démocratique) et le MSP (Mouvement de la société de la paix), le groupe parlementaire des indépendants et quelque trente associations nationales de la dite société civile, c’est au autour du Forum des chefs d’entreprises (FCE), la plus grande organisation patronale algérienne, d’annoncer son ralliement. Le soutien au président sortant a été annoncé au cours d’un vote à main levée, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue jeudi à Alger.

Dans un communiqué officiel, les membres du FCE ont dit leurs « satisfactions » quant aux « réalisations enregistrées dans le cadre du programme présidentiel de relance économique, notamment la création de richesses et d’emplois». Sans surprise, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), l’organisation syndicale la plus influente du pays, devrait emboîter le pas au FCE dans les jours qui viennent. Le secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd, a d’ores et déjà annoncé le soutien de son organisation au président Bouteflika (en marge d’une cérémonie à la mémoire du syndicaliste assassiné en 1997, Abdelhak Benhamouda), avant même que le Conseil national ne se soit réuni pour en débattre.

«La participation dans une telle compétition serait synonyme de compromission»

Le concert des appels de soutiens à une candidature de Bouteflika pour un troisième mandat peine à cacher un climat pré-électoral dénué de tout suspense. Le refus des candidats de poids de se présenter à une élection qu’ils jugent jouée d’avance irrite les partisans du président. Ahmed Ouyahia, Premier ministre et patron du RND, s’en est offusqué ouvertement lors d’une journée parlementaire jeudi à Alger, qualifiant « ceux qui boudent la présidentielle d’avril 2009» de «politicards de salons», selon le quotidien El-Watan.

« La participation dans une telle compétition serait synonyme de compromission dans une opération d’humiliation nationale. Refuser de s’y impliquer est à la fois un devoir civique et une exigence de respect pour notre histoire», c’est en ces termes sans équivoque que le parton du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), Saïd Saadi, a justifié sa non-participation à l’élection, le 17 janvier dernier. Ce dernier est même allé jusqu’à geler les activités de sont parti d’ici là, dénonçant « une volonté d’étouffement» des structures et des cadres du RCD. Pressé par des comités de soutien à se présenter, Liamine Zeroual, l’ancien président et général à la retraite, a lui aussi refuser de se porter candidat dans un communiqué publié par El Watan le 14 janvier 2009 où il plaide pour l’ « alternance » politique. Exit également Hocine Aït Ahmed, Président du FFS (Front des Forces Socialistes), le plus vieux parti d’opposition algérien, Sid Ahmed Ghozali, l’ancien chef du gouvernement et Mouloud Hamrouche, l’ex-chef du gouvernement connu pour avoir mené les réformes en faveur de l’ouverture démocratique après les émeutes de 1988.

A défaut de pouvoir influer sur le cours des choses, les personnalités politiques d’opposition les plus en vue en Algérie, ont opté par la stratégie de discréditation, en « boycottant » les élections « sans enjeu ». Une situation d’autant plus délicate pour le pouvoir en place qu’il craint a une désaffection de l’électorat, qui avait déjà manifesté son peu d’intérêt pour ses représentants lors des législatives de 2007, où un taux exceptionnellement bas de participation a été enregistré.

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