
Une dizaine de chefs d’État africains, trois anciens présidents et des émissaires des grandes puissances ont convergé vers Abidjan ce lundi 8 décembre pour l’investiture d’Alassane Ouattara. Une cérémonie qui consacre la stature diplomatique de la Côte d’Ivoire tout en ouvrant un nouveau chapitre politique pour le pays.
Ce lundi 8 décembre 2025, au Palais présidentiel du Plateau à Abidjan, Alassane Ouattara prête serment devant le Conseil constitutionnel pour entamer son quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Réélu le 25 octobre dernier avec près de 90 % des suffrages exprimés, l’ancien directeur général adjoint du FMI s’engage une nouvelle fois à « respecter et défendre la Constitution, incarner l’unité nationale et veiller aux intérêts supérieurs de la Nation ».
Une affluence diplomatique exceptionnelle
La cérémonie se distingue par l’ampleur de la mobilisation internationale. Parmi les dirigeants présents figurent Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani de Mauritanie, John Dramani Mahama du Ghana, Bassirou Diomaye Faye du Sénégal, Julius Maada Bio de Sierra Leone, Joseph Nyuma Boakaï du Liberia, Azali Assoumani des Comores, Brice Clotaire Oligui Nguema du Gabon, João Lourenço d’Angola et Adama Barrow de Gambie. FratMat Faure Gnassingbé du Togo et Ismaël Omar Guelleh de Djibouti sont également attendus.
La présence de trois anciens chefs d’État ajoute une dimension particulière à l’événement : Goodluck Jonathan du Nigeria, Nana Akufo-Addo du Ghana et Mahamadou Issoufou du Niger KOACI ont fait le déplacement, témoignant des réseaux tissés par le président ivoirien au fil de ses mandats.
Washington et Paris représentés
Au-delà du continent africain, les grandes puissances marquent leur intérêt pour la stabilité ivoirienne. Jacob Helberg, secrétaire d’État américain aux Affaires économiques, représente l’administration Trump. Ainsi, Washington signifie l’importance stratégique accordée à ce partenaire ouest-africain. La France a dépêché Éléonore Caroit, ministre déléguée chargée de la Francophonie et des partenariats internationaux, tandis que la Secrétaire générale de la Francophonie figure aussi parmi les invités de marque.
« Le devoir peut parfois transcender la parole donnée »
Cette investiture vient conclure un processus électoral marqué par le retour sur scène d’un président qui avait pourtant évoqué, en 2020, son souhait de passer le relais à une nouvelle génération. « Les années passées à la tête de notre pays m’ont fait comprendre que le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi », avait justifié Alassane Ouattara lors de l’annonce de sa candidature en juillet dernier, invoquant les défis sécuritaires et économiques auxquels fait face la sous-région.
Au lendemain de sa réélection, le chef de l’État avait donné le ton de ce nouveau mandat : « C’est avec humilité et une profonde reconnaissance que j’ai accueilli la décision de nos compatriotes de me renouveler leur confiance. Cette victoire est avant tout celle du peuple, qui a choisi la démocratie, la paix et la stabilité », avait-il déclaré devant son gouvernement.
Un mandat sous le signe de la continuité pour Abidjan, carrefour diplomatique
À 83 ans, Alassane Ouattara entame ce nouveau quinquennat dans un contexte régional contrasté. Si la Côte d’Ivoire affiche une croissance économique soutenue et une relative stabilité politique, l’opposition continue de dénoncer ce qu’elle qualifie de mandat « anticonstitutionnel » et pointe l’exclusion de certains de ses leaders du processus électoral.
Dans son adresse à la Nation qui suivra la prestation de serment, le chef de l’État devrait réaffirmer ses engagements en faveur de la paix, de la cohésion sociale et de la poursuite des réformes économiques. La composition du prochain gouvernement, très attendue, donnera les premières indications sur les orientations du nouveau mandat.
Cette investiture confirme le positionnement de la Côte d’Ivoire comme acteur central de la coopération régionale. En rassemblant une dizaine de chefs d’État en exercice, plusieurs anciens présidents et des représentants des principales puissances mondiales, Abidjan démontre son rayonnement diplomatique dans une Afrique de l’Ouest traversée par des crises multiples, du Sahel aux récentes tensions au Bénin.
La cérémonie se déroule à 11 heures locales et s’achèvera par les honneurs militaires rendus au Chef suprême des Armées. Ensuite ce sera la traditionnelle photo officielle réunissant l’ensemble des délégations étrangères.



