
À quelques semaines de l’expiration de l’Agoa, cinq pays africains se mobilisent à Washington pour défendre la prolongation de l’accord. Madagascar, le Kenya, la Tanzanie, Maurice et le Lesotho ont choisi d’adopter une stratégie commune afin de convaincre les décideurs américains. Leur objectif est de préserver des milliers d’emplois et de maintenir la compétitivité face aux concurrents asiatiques.
La décision finale dépend désormais d’un arbitrage politique de la Maison Blanche.
Un front commun africain
C’est à l’ambassade de Madagascar à Washington qu’a eu lieu, le 8 septembre, une réunion décisive entre les représentants du « T-five », un groupe composé des principaux bénéficiaires africains du textile dans le cadre de l’Agoa. L’objectif était clair : adopter un message commun en faveur de la prolongation de cet accord commercial qui, depuis 25 ans, permet à une quarantaine de pays africains d’exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans droits de douane.
Le ministre malgache du Commerce, David Ralambofiringa, a souligné que la reconduction de l’Agoa est essentielle pour préserver les investissements et protéger des milliers d’emplois. Pour lui, « les enjeux sont partagés et l’expérience acquise doit servir à convaincre Washington de l’importance de cet accord ».
Une délégation malgache en première ligne
Madagascar joue un rôle moteur dans cette campagne de lobbying. La délégation publique-privée dépêchée à Washington compte, outre le ministre du Commerce, le ministre des Mines et le directeur général des douanes. Des acteurs économiques stratégiques, notamment du secteur textile et de la vanille, se sont joints à cette mission, à l’image du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) et du Groupement des exportateurs de vanille de Madagascar (GEVM). Ensemble, ils portent la voix d’une économie fortement dépendante de cet accès préférentiel au marché américain.
Un accord vital pour la compétitivité africaine
La fin de l’Agoa mettrait en péril la compétitivité des industries africaines, notamment le textile, face à des concurrents asiatiques qui bénéficient déjà d’un accès privilégié au marché mondial. Sans exemptions douanières, la perte serait colossale. Les pays du T-five insistent donc sur l’importance de prolonger l’accord, au moins pour deux ans, le temps d’ouvrir des discussions bilatérales plus approfondies.
Washington à l’écoute, mais en attente d’un signal politique
Les premiers échanges à Washington ont montré que les parlementaires américains sont conscients des bénéfices mutuels de l’Agoa, tant pour les économies africaines que pour les entreprises américaines. Mais la décision finale dépendra d’un arbitrage politique attendu de la Maison Blanche, encore absorbée par les priorités géopolitiques du moment.
Pour l’Afrique, l’urgence est claire : maintenir ce cadre commercial vital qui, depuis un quart de siècle, a façonné une partie de ses échanges extérieurs et ouvert des perspectives inédites de croissance et d’intégration économique.