
L’Afrique du Sud envisage d’assouplir sa législation sur l’actionnariat noir imposé aux entreprises étrangères face à une pression diplomatique inédite et aux critiques virulentes d’Elon Musk. Une réforme en discussion pourrait permettre à Starlink de s’implanter sans céder de parts, relançant le débat entre justice économique post-apartheid et attractivité internationale.
Face à la pression diplomatique croissante et aux critiques acerbes d’Elon Musk, l’Afrique du Sud revoit sa copie. Le gouvernement de Pretoria a annoncé, vendredi 23 mai, son intention d’assouplir les exigences d’actionnariat noir imposées aux entreprises de télécommunications étrangères. Une réforme qui pourrait enfin ouvrir le marché sud-africain à Starlink, le service internet satellitaire du milliardaire natif de Pretoria.
Un contexte tendu entre Pretoria et Washington
Cette annonce stratégique intervient dans un climat de tension diplomatique marqué par une rencontre houleuse entre le président Cyril Ramaphosa et Donald Trump à la Maison Blanche. Elon Musk, présent dans la délégation américaine, n’a jamais caché son irritation face à la législation sud-africaine actuelle, l’accusant d’empêcher Starlink d’opérer « simplement parce que je ne suis pas Noir ». Une accusation vigoureusement rejetée par Pretoria, mais qui a alimenté le débat international sur la politique de transformation économique du pays.
Depuis des années, l’Afrique du Sud impose aux entreprises de télécommunications une règle de 30 % d’actionnariat noir, dans le cadre de la politique de Black Economic Empowerment (BEE), censée corriger les inégalités issues de l’apartheid. Cette disposition, bien que saluée par certains pour son intention réparatrice, a été critiquée pour son impact sur l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers. Le ministre des Communications, Solly Malatsi, a proposé une alternative : autoriser des « programmes équivalents en capital » comme levier de compensation. Cela pourrait inclure des investissements dans les PME locales ou dans des projets d’infrastructure dirigés par des Sud-Africains historiquement défavorisés.
Une opportunité décisive pour Starlink et d’autres géants
Si elle est adoptée, cette réforme permettrait à Elon Musk de déployer Starlink sans avoir à céder des parts de son entreprise, comme il le refuse catégoriquement depuis le début. De telles exceptions ont déjà été accordées à des multinationales comme Microsoft, Samsung ou encore Hewlett Packard. L’objectif affiché par le gouvernement est clair : accroître les investissements étrangers dans le secteur des TIC, stimuler la croissance économique et élargir l’accès à un internet haut débit abordable. Le porte-parole de la présidence, Vincent Magwenya, a confirmé que des discussions avaient bien lieu avec Starlink, tout en insistant sur le fait que cette réforme vise à profiter à l’ensemble du secteur, et non à une seule entreprise.
L’initiative ne fait pas l’unanimité au sein du paysage politique sud-africain. Plusieurs élus ont exprimé leurs inquiétudes face à ce qu’ils perçoivent comme une concession aux pressions étrangères, voire une remise en question des principes fondateurs de la transformation économique post-apartheid. Pourtant, le gouvernement semble déterminé à aller au bout de cette réforme, espérant concilier justice historique et ouverture économique.