
Interpellé à Beyrouth, l’influenceur d’origine libanaise Nazih Marwan Al‑Azzi, connu pour ses vidéos critiques à l’encontre des autorités gabonaises, est au cœur d’un scandale mêlant extorsion présumée, pression politique et guerre de l’image sur les réseaux sociaux.
Il se faisait appeler « X Nazih X » sur TikTok, et est une figure provocatrice de la diaspora libanaise au Gabon. À seulement 25 ans, Nazih Marwan Al‑Azzi s’est forgé une réputation sulfureuse sur les réseaux sociaux en multipliant les attaques verbales contre les autorités gabonaises, et en prétendant détenir des documents compromettants visant directement le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Selon plusieurs sources concordantes, l’activiste aurait menacé de divulguer 46 enregistrements audio et 14 vidéos. Ces fichiers, qu’il présente comme des preuves de corruption ou d’affaires internes sensibles, auraient été utilisés comme levier pour exiger une somme estimée entre 6 et 10 milliards de francs CFA — soit jusqu’à 15 millions d’euros.
Un sujet que Libreville prend très au sérieux
Le vendredi 25 juillet 2025, Nazih a été arrêté par la Sûreté générale libanaise à Beyrouth, à la demande des autorités gabonaises. Selon la presse libanaise et gabonaise, son interpellation marque le début d’un processus d’extradition vers Libreville. Il pourrait y être poursuivi pour chantage, injures publiques et corruption en bande organisée. Les autorités gabonaises auraient formellement sollicité sa remise, malgré l’absence d’un accord bilatéral classique d’extradition entre les deux pays.
L’affaire ravive les tensions sur la place ambiguë des influenceurs dans les rapports de force politiques. Nazih, qui se présentait tantôt comme un militant anticorruption, tantôt comme une victime d’un « régime mafieux« , a su polariser une partie de la jeunesse gabonaise en quête de transparence. Mais pour d’autres, y compris parmi ses soutiens passés, son comportement relève davantage de l’extorsion que de l’activisme.
Sur le plan diplomatique, cette arrestation met aussi à l’épreuve les relations entre le Liban et le Gabon. Le gouvernement libanais aurait agi avec diligence, soucieux de préserver l’image de sa communauté installée au Gabon, active dans les secteurs du commerce, de l’immobilier et du BTP. Libreville, de son côté, entend faire de cette affaire un exemple, pour dissuader ce qu’elle qualifie de « chantage numérique à grande échelle« .
Reste désormais à savoir si les fameuses preuves détenues par Nazih seront rendues publiques ou si elles relèvent d’une construction narrative visant à créer une pression artificielle.