
Quatre ans après un premier sommet à Rome, les Nations unies se réunissent à Addis-Abeba pour relancer la lutte contre la faim. Alors que près de 295 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, les engagements pris peinent à se traduire en actions concrètes.
Face aux guerres, aux dérèglements climatiques et au manque de financements, l’objectif Faim Zéro d’ici 2030 semble plus que jamais menacé.
Un constat alarmant : la faim gagne du terrain
À l’ouverture du sommet, les participants ont été confrontés à un triste constat : près de 295 millions de personnes souffrent actuellement d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde. Malgré les engagements pris à Rome en 2021, les efforts sont jugés insuffisants, tant sur le plan politique que financier. La vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Jane Mohammed, a appelé à une transformation urgente des systèmes alimentaires. Elle a souligné que les investissements restent largement en deçà des besoins.
Gaza, Soudan, Afrique : la faim comme arme de guerre
Le sommet a également été l’occasion de dénoncer les crises spécifiques qui aggravent la situation, notamment à Gaza et au Soudan, où la faim est instrumentalisée comme moyen de pression politique. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a exhorté la communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur ces drames humains. Mahamoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, a rappelé l’ampleur du fléau sur le continent : « Combien d’enfants et de mères dorment le ventre vide ? Des millions, assurément. »
L’Afrique en quête de soutien pour des solutions durables
Face à des défis accrus par les chocs climatiques, les conflits armés et les perturbations économiques, les dirigeants africains appellent à des réponses structurelles. Ils plaident notamment pour que 10 % des PIB nationaux soient consacrés à l’agriculture. Mais, faute de ressources suffisantes, ils réclament un soutien international renforcé et un respect des engagements financiers promis par les partenaires du continent.
Malgré ce tableau sombre, des progrès sont notables : 130 pays se sont dotés de programmes nationaux de transformation de leurs systèmes alimentaires. La participation active de nombreux chefs d’État, dont Abiy Ahmed (Éthiopie) et Giorgia Meloni (Italie), symbolise une volonté politique encore présente. Mais elle devra se traduire en actes concrets et mesurables si l’objectif « Faim Zéro » d’ici 2030 veut rester autre chose qu’un vœu pieux.