
Une famine historique menace l’Afrique de l’Ouest et centrale : plus de 52 millions de personnes risquent de plonger dans l’insécurité alimentaire d’ici l’été 2025. Entre conflits, dérèglement climatique et effondrement de l’aide humanitaire, la région s’enfonce dans une crise aux conséquences dramatiques.
Alors que l’Afrique de l’Ouest et centrale traverse une période de bouleversements sécuritaires, économiques et climatiques, une autre urgence menace des millions de vies : la faim. Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. D’ici l’été 2025, plus de 52 millions de personnes pourraient se retrouver en insécurité alimentaire dans la région. Un chiffre historique qui révèle l’ampleur d’une crise aux ramifications multiples, amplifiée par la chute des financements humanitaires.
Une situation alimentaire qui se dégrade à vitesse grand V
D’après les dernières estimations du PAM, 36 millions de personnes peinent déjà à se nourrir en Afrique de l’Ouest et centrale. Cette détresse, loin d’être passagère, devrait atteindre son paroxysme entre juin et août 2025, période connue sous le nom de « soudure ». Durant ces mois critiques, les stocks alimentaires issus des dernières récoltes s’épuisent, tandis que les nouvelles ne sont pas encore disponibles. Résultat : environ 52 millions de personnes seront affectées, dont près de 3 millions en situation d’urgence alimentaire. Ce basculement vers une insécurité alimentaire de masse illustre une évolution inquiétante. En 2019, seuls 4 % de la population étaient touchés. En 2025, ce chiffre monte à 12 %, selon le PAM.
Si la faim progresse si rapidement dans la région, c’est parce qu’elle s’inscrit dans un contexte de crise généralisée. Les conflits armés, notamment au Sahel, continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Privées de leurs terres et de leurs activités agricoles, ces personnes dépendent entièrement de l’aide humanitaire. À cela s’ajoutent des événements climatiques de plus en plus extrêmes : sécheresses prolongées, inondations soudaines, baisse de la productivité agricole. Ce cercle vicieux précipite les plus vulnérables vers une malnutrition chronique.
Le PAM à bout de souffle, les financements s’effondrent
Paradoxalement, au moment où les besoins atteignent un pic, les ressources du PAM s’amenuisent. L’agence a vu ses financements baisser de 40 % pour l’année 2025. Une chute brutale due au retrait de partenaires traditionnels comme l’USAID et à la réallocation des budgets dans plusieurs pays occidentaux. Ce désengagement force le PAM à des choix douloureux : 25 à 30 % de ses effectifs mondiaux ont déjà été supprimés, et les distributions alimentaires sont réduites dans plusieurs zones. « Cinq millions de personnes risquent d’être privées d’assistance vitale », alerte Margot van der Velden, directrice régionale de l’organisation.
Face à cette spirale alarmante, le PAM lance un cri d’alerte à la communauté internationale. Sans un financement immédiat et conséquent, les efforts humanitaires dans la région pourraient être gravement compromis. Au-delà des chiffres, ce sont des millions de vies humaines, souvent invisibles, qui sont en jeu.