Yasser Arafat est mort


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Le Président de l’Autorité palestinienne est décédé, ce jeudi matin, à 2H30 GMT, à l’hôpital militaire de Percy, près de Paris, en France. La Palestine pleure l’incarnation de ses aspirations à la liberté . Et le monde, à l’instar du continent africain, rend un hommage au « raïs » et souhaite un retour de la paix au Proche-Orient.

Yasser Arafat, Mohammad Abdel Raouf Arafat al-Qoudwa al-Husseini, de son vrai nom, est mort. Le Président de l’Autorité palestinienne est mort officiellement, ce jeudi matin, aux aurores, à l’hôpital militaire de Percy, près de Paris, en France. L’annonce officielle de la mort du leader palestinien met fin aux nombreuses spéculations sur son décès depuis le 29 octobre, date de son évacuation sanitaire. La Palestine pleure son Père, le monde arabe est en deuil. Et hommages et appels à la paix entre la Palestine et Israël se multiplient de par le monde.

Pour le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, la mort de Yasser Arafat pourrait constituer un « tournant » au Proche-Orient. Une mort, dont on accuse les Israéliens d’être les responsables. Récemment encore, le chef du bureau politique de l’organisation radicale palestinienne Hamas, Khaled Mechaal, a accusé Israël d’avoir « empoisonné le sang » de Yasser Arafat. « Il se meurt alors qu’il n’est apparemment pas malade », résume le sentiment des défenseurs de cette théorie. Ariel Sharon a également appelé les futurs dirigeants palestiniens à oeuvrer pour la paix. Nabil Chaath, le ministre palestinien des Affaires étrangères a formulé, quant à lui, l’espoir que les Etats-Unis, la Russie, l’Onu et l’Union européenne, instigateurs d’un plan de paix international, organisent une « réunion qui rassemblera les deux parties, qui leur montrera la voie à suivre pour une reprise des négociations ». Pour Mohamed al Hindiet, un des responsables du Djihad islamique, « le temps est à l’unité et à la persévérance. » Persévérance également pour le Mouvement palestinien de la résistance islamique Hamas. Mais, cette fois-ci, dans la poursuite de la guerre sainte contre « l’ennemi sionniste ».

La paix, aujourd’hui plus que jamais

Pour le Président Georges W. Bush, « le décès de Yasser Arafat est un moment important dans l’histoire des Palestiniens. Son prédécesseur, Bill Clinton, note que  » le plus grand moment de Yasser Arafat s’est déroulé le 13 septembre 1993, lorsque lui et le Premier ministre d’Israël Yitzhak Rabin (…) ont signé les Accords d’Oslo ». Néanmoins, Il regrette qu’en 2000, « il ait manqué l’occasion de faire naître cette nation (la nation palestinienne) et prie pour le jour où les rêves du peuple palestinien pour un Etat et une vie meilleure se réaliseront dans une paix juste et durable ». Même son de cloche avec Shimon Peres, chef de file de l’opposition travailliste et qui a partagé le prix Nobel de la paix avec Arafat en 1994. Il a affirmé : « Arafat a commis sa plus grande erreur lorsqu’il s’est tourné vers le terrorisme. Il a enregistré ses plus grands succès lorsqu’il a tenté de se tourner vers la paix. »

Le ton est tout autre chez Jacques Chirac, le Président français. Pour lui, Yasser Arafat est un homme « de courage et de conviction qui a incarné pendant 40 ans le combat des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits nationaux ». (…) »Puisse la perte qu’ils viennent de subir réunir tous les Palestiniens. C’est en restant unis qu’ils demeureront fidèles à la mémoire de Yasser Arafat et feront prévaloir l’idéal auquel il avait voué son existence », a-t-il souhaité. Le Pape Jean Paul II, qui a rencontré 8 fois le leader palestinien a prié pour que  » Dieu dans sa miséricorde accueille l’âme de l’illustre défunt et concède la paix à la Terre Sainte, avec deux Etats indépendants et souverains, pleinement réconciliés entre eux », selon le porte-parole du Vatican. Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, « profondément ému », a exhorté à une relance des efforts de paix israélo-palestiniens. Pour la Ligue arabe, c’est également une « grande perte“. A l’instar de ce que ressent le continent africain.

Le continent africain attristé

L’Afrique, avec qui le fondateur du Fatah entretenait des relations particulières, nées d’une solidarité entre peuples opprimés. Notamment au sein du mouvement des non-alignés où l’Union Africaine et l’OLP étaient solidaires. Beaucoup de pays africains ont ainsi rompu leurs relations diplomatiques avec Israël à la suite de la guerre de 1973. Deuil donc en Egypte, sa terre natale selon certains biographes, ou encore en Tunisie qui a abrité l’exil de Yasser Arafat. Trois jours de deuil national ont été déclarés dans ce pays. Tout comme en Algérie. Pour le Président tunisien, Ben Ali, le leader palestinien était «un grand leader dévoué à la cause de son peuple». Arafat, était « un géant du combat pour les pauvres et les opprimés » pour son homologue sud-africain Thabo Mbeki. Ce dernier assistera aux funérailles du leader palestinien. Mohammed VI, roi du Maroc, a aussi rendu un vibrant hommage au « raïs ».

Yasser Arafat, alias d’Abou Ammar, son nom de guerre, serait né au Caire en 1929. En 1948, il participe aux combats opposant militants arabes et juifs au moment du retrait des Britanniques de Palestine. C’est en 1964 qu’il crée l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le mouvement fusionnera plus tard avec le Fatah. En 1969, Yasser Arafat est élu président du Comité exécutif de l’OLP. Il attire l’attention de l’opinion publique lorsqu’en 1974, il se présente à l’assemblée générale des Nations unies à New York. Le « raïs » est en tenue militaire, un pistolet « de combattant de la liberté » à la ceinture et un rameau d’olivier à la main. « Ne laissez pas le rameau d’olivier m’échapper des mains », déclare-t-il, En 1989, Arafat proclame, à Alger, de façon symbolique l’indépendance de la Palestine. Après la première Intifada (1987), il rejette toute toute forme de terrorisme, déclarant « caduque » la charte de l’OLP, et reconnaît l’existence de l’Etat d’Israël. En 1993, la déclaration sur l’autonomie palestinienne, négociée en secret à Oslo, est signée. Moment historique : Arafat échange une poignée de main à la Maison blanche, avec le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin.

Camp David : Son rendez-vous manqué avec la paix !?

Yasser Arafat partage avec ce dernier et Shimon Peres le Prix Nobel de la Paix 1994. Il devient, en 1996, Président de l’Autorité palestinienne lors des premières élections de l’histoire de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Mais en 2000, l’accord de paix, tant espéré, qui devait mettre fin à des années de guerre entre Israéliens et Palestiniens, ne sera pas signé à Camp David, aux Etats-Unis. La deuxième Intifada débute alors et Ariel Sharon arrive au pouvoir. En 2003, l’autorité de Yasser Arafat est mise à mal. Il nomme un Premier ministre, Mahmoud Abbas, sous la pression internationale. Ce dernier démissionne et Ahmed Qoreï lui succède. Mais le « raïs » a conservé le pouvoir absolu jusqu’à ces derniers jours. Raison pour laquelle sa succession est une source d’inquiétude dans l’optique d’un réglement pacifique du conflit israélo-palestinien.

Pour l’instant, le président du Parlement palestinien, Rawhi Fattouh, a éte intronisé président en exercice de l’Autorité palestinienne. Son mandat durera 60 jours jusqu’à l’organisation d’élections. Quarante jours de deuil ont éte déclarés dans les territoires palestiniens. La dépouille du président palestinien Yasser Arafat a quitté, cet après-midi (à 16h34 GMT), la base militaire de Villacoublay, en France, pour le Caire. Pour des funérailles officielles, demain vendredi, sous haute sécurité. Yasser Arafat sera inhumé, le même jour, à Ramallah , « la perle de la Cisjordanie » selon les Palestiniens. En mourant, en ce mois sacré du Ramadan, selon la tradition musulmane, Yasser Arafat a quitté la Mouqataa, l’ancien fort britannique dans lequel il a été assigné à résidence trois ans durant par Israel, via Percy, pour le Paradis.

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