Madagascar : bienvenue à Antananarivo, « ville morte »


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Magasins fermés, grand marché désert. Antananarivo est devenue, jeudi, « une ville morte » suite à l’appel lancé par le maire de la capitale malgache. Andry Rajoelina, le principal opposant au régime de Marc Ravalomanana a appelé, mercredi, la population à observer une journée « ville morte » pour que le gouvernement arrête les meurtriers de l’adolescent tué lors des émeutes. Selon un bilan de la gendarmerie malgache, les soulèvements et les pillages ont coûté la vie, depuis lundi, à au moins 68 personnes dans le pays.

La capitale malgache est inhabituellement calme. Les commerces sont fermés et le grand marché hebdomadaire, d’ordinaire animé, est désert. Bienvenue à Antananarivo, « ville morte ». C’est l’appel lancé par le maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, pour la journée de jeudi. L’opposant au régime de Marc Ravalomanana a appelé la population à observer une journée « ville morte » pour obtenir l’arrestation des meurtriers de l’adolescent tué par balles lundi lors des émeutes.

Andry Rajoelina demande que justice soit faite

Selon un habitant s’exprimant sous couvert d’anonymat, les militaires auraient été responsables de la mort du jeune homme. « Certains partisans du maire pensent qu’un des mercenaires congolais, qui constituent la garde rapprochée du président Marc Ravalomanana, aurait tiré sur l’adolescent ». Pour Andry Rajoelina, cet adolescent est devenu le symbole de l’opposition. Le maire a d’ailleurs affirmé, mercredi, avoir fixé un « ultimatum de 24 heures au gouvernement pour qu’il condamne aux travaux forcés celui qui a donné l’ordre et celui qui a exécuté » la victime.

A Antananarivo, la majorité des écoles ont été fermées, selon une source jointe par Afrik.com. Dans les administrations, des fonctionnaires manqueraient à l’appel. Au regard de la situation, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires a déconseillé, mardi, aux 25 000 ressortissants français de se déplacer à Madagascar. « Nous restons cloitrés chez nous, le temps que la situation se calme », explique un expatrié ajoutant que « les établissements scolaires français et les instituts de recherche [ont] été fermés ». En revanche, les transports en commun circulent ainsi que de nombreuses voitures particulières.

« La population malgache est pauvre et a faim »

Depuis lundi, les émeutes et les pillages ont causé la mort de 68 personnes, selon la gendarmerie malgache. De son côté, Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat français à la coopération et à la francophonie a fait état de « plus de 80 morts en quelques jours », sur la chaîne de télévision LCI. D’après un responsable de la gendarmerie interrogé par l’AFP, la plupart des victimes serait morte lundi et dans la nuit de lundi à mardi. Selon son décompte, dans la capitale, 42 personnes ont péri, dont 30 dans l’incendie d’un centre d’achats dont la toiture s’est effondrée sur les pillards.

« Les voleurs viennent pour la majorité du quartier populaire appelé “67 hectares”, là-bas les gens sont très pauvres et vivent dans une grande misère », explique une source jointe par Afrik.com. « J’ai vu des personnes prendre les restes laissés par les pilleurs : des bouts de carton, des morceaux de tôle ondulée… Tout était bon à prendre », ajoute-t-il. Mercredi soir, Marc Ravalomanana avait indiqué qu’il n’entamerait « aucune poursuite suite à la destruction et au pillage de tous les (magasins) Magro », qui lui appartiennent, « car il comprend que le peuple malagasy est pauvre et a faim ». Si le président malgache connaissait si bien la situation de sa population, pourquoi n’a-t-il pas réagi plus tôt en distribuant, par exemple, de la nourriture. Ceci aurait peut-être évité ces débordements qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes.

Le bras de fer entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina

Ces émeutes constituent la toile de fond des affrontements répétés entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Depuis la fermeture par le gouvernement de la chaîne de télévision du maire, qui avait diffusé une interview de l’ancien président Didier Ratsiraka, rien ne va plus entre les deux hommes. Malgré des appels au calme, l’opposition et le pouvoir ne semblent toujours pas prêts à négocier. Une situation qui ne laisse pas présager une issue de sortie de crise positive…

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