Cameroun : Issa Tchiroma rompt avec Biya et se lance dans la course à la présidence


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Issa Tchiroma Bakary
Issa Tchiroma Bakary

Ancien ministre et fidèle du régime Biya pendant près de vingt ans, Issa Tchiroma a annoncé sa candidature seulement 24 heures après sa démission. Dans une lettre manifeste, il critique ouvertement le pouvoir qu’il a longtemps défendu. Il appelle à une transition démocratique et à une gouvernance plus équitable.

Une rupture fracassante qui rebat les cartes du paysage politique camerounais.

Un départ surprise d’un fidèle du régime

Jusqu’alors considéré comme l’un des alliés les plus solides du président Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary a pris tout le monde de court en déposant sa lettre de démission. Cette décision, survenue dans un contexte de tensions politiques croissantes à l’approche du scrutin présidentiel, a mis fin à un long compagnonnage avec le pouvoir en place. Sa démission a été perçue comme un acte fort, mais ce n’était que le prélude à une annonce encore plus retentissante.

Une candidature portée par une lettre manifeste

Le lendemain de sa sortie du gouvernement, l’ex-ministre a publié une « Lettre aux Camerounais » de 24 pages, un véritable manifeste politique dans lequel il détaille sa vision pour l’avenir du pays. Issa Tchiroma y critique ouvertement le régime en place, qu’il qualifie de « système à bout de souffle ». Il y reconnaît avoir « connu le pouvoir et en avoir mesuré les limites » et appelle à une transition démocratique républicaine et apaisée.

Se présentant comme un homme d’expérience mais désormais libre, il affirme vouloir « remettre la République debout » et porter la voix des oubliés. Son programme fait la part belle à la jeunesse, aux femmes et à une gouvernance plus équitable. Il propose notamment un retour à un « fédéralisme choisi » pour mieux refléter la diversité nationale.

Un divorce assumé avec le système Biya

Issa Tchiroma ne mâche pas ses mots à l’égard du président Paul Biya, sans toutefois le nommer explicitement. Dans sa lettre, il dénonce un pouvoir confisqué par une élite qui a oublié sa mission de service. « Un pays ne peut exister au service d’un homme, il doit vivre au service de son peuple », écrit-il. Cette phrase résonne comme un désaveu sans ambiguïté du modèle actuel, qu’il a pourtant défendu pendant des années en tant que porte-parole du gouvernement.

La réaction du pouvoir ne s’est pas fait attendre. Alors même que la lettre circulait sur les réseaux sociaux, un arrêté ministériel interdisait les activités politiques du FSNC, le parti d’Issa Tchiroma, dans un département de l’Extrême-Nord.

Avec cette candidature inattendue, le paysage politique camerounais s’anime à l’orée d’un scrutin présidentiel important. La sortie de Tchiroma Bakary pourrait fragiliser davantage un régime déjà confronté à des critiques internes et à une opposition dispersée.

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