Zimbabwe : Mugabe veut expulser les derniers fermiers blancs


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Robert Mugabe a fêté son 85ème anniversaire ce week-end dans une opulence insolente, alors que le Zimbabwe, qu’il dirige d’une main de fer depuis 28 ans, est en train de sombrer dans une crise économique, sanitaire et alimentaire sans précédent. Le président zimbabwéen a profité de l’occasion pour demander aux fermiers blancs de quitter le pays.

Grandeur et décadence. Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, 28 ans au pouvoir, a célébré samedi son 85ème anniversaire, avec faste et ostentation, alors que son pays est au bord de la ruine. La fête a eu lieu dans le village natal du vieux dictateur, à Chinhoyi (150 kilomètres au nord-ouest de Harare). Des réjouissances somptueuse estimées à 250 000 dollars US (200 000 Euros), somme rassemblée pas les partisans du président, indique le quotidien d’Etat The Herald. Au menu du banquet : 80 vaches, 70 chèvres, 12 porcs et un gâteau géant de 85 kilos, s’enorgueillit le quotidien.

Mugabe a saisi cette occasion pour jeter encore une fois l’anathème sur les fermiers blancs, propriétaires de terres héritées de l’époque coloniale. « La distribution des terres va continuer, a affirmé le président. Cela ne s’arrêtera pas. Les quelques fermiers blancs qui sont encore là vont rapidement devoir libérer leurs fermes, parce qu’ils n’ont pas de place ici ». En avril 2002, à la faveur d’une « réforme agraire » menée tambour battant, le président zimbabwéen avait lancé une campagne d’expropriations des fermiers blancs, dont le nombre s’élevait à l’époque à 4500. S’il est vrai qu’une politique de redistribution des terres agricoles était nécessaire, puisque les fermiers blancs détenaient 70% de celles-ci, la réforme a été mal menée. La plupart des fermiers blancs, dépossédés de leurs terres sans compensation, ont dû s’exiler dans des pays voisins ou se déplacer dans les villes et se convertir à d’autres activités, sans avoir été remplacés par des hommes compétents. Quelques dizaines d’irréductibles ont cependant décidé de résister aux pressions du pouvoir. L’an dernier, un tribunal régional avait donné raison à 78 propriétaires blancs qui avaient refusé que le gouvernement reprenne leurs terres. La cour avait estimé que la politique de celui-ci était basée sur des motifs racistes et irrecevables.

Famine, Choléra, chômage

Le président Mugabé a fêté son anniversaire dans le luxe, alors que le pays est ravagé par une crise multiple. Celle-ci est due, en partie, a ces expropriations massives. L’Etat a installé sur les la plupart des terres réquisitionnées des proches du régime – officiellement des anciens combattants de la guerre de libération-, qui n’avaient pas de compétences pour les faire fructifier. Le pays est confronté aujourd’hui à la famine. Plus de la moitié des 13 millions de Zimbabwéens dépendent de l’aide alimentaire pour survivre, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Le chômage, endémique, touche plus de 90% de la population active. Quant à l’hyperinflation, elle a atteint des sommets vertigineux, se chiffrant par milliards pour cent. L’épidémie de choléra, apparue en août, a contaminé 83036 personnes, dont 3868 sont mortes, faute de soins, selon un bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Morgan Tsvangirai, l’opposant de toujours, devenu premier ministre du Zimbabwe après être parvenu à un accord de partage du pourvoir avec Robert Mugabe, n’était pas présent aux festivités présidentielles, préférant se concentrer sur les négociations qu’il est en train de mener avec l’Afrique du Sud et d’autres donateurs internationaux. 5 milliards de dollars au moins seront nécessaire pour relever l’économie ravagée du Zimbabwe.

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