Zambie, déchets miniers : des fermiers portent plainte contre la société chinoise Sino-Metals Leach


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Pollution (illustration)
Pollution (illustration)

En Zambie, la colère monte contre la société minière chinoise Sino-Metals Leach (SML), accusée d’avoir provoqué une catastrophe écologique dans le nord du pays. Près de cinquante fermiers viennent de déposer plainte contre l’entreprise, après un important déversement de déchets toxiques survenu en février dernier dans la région de Kitwe, au cœur de la ceinture cuprifère.

L’affaire de la pollution à l’acide de la Copperbelt en Zambie continue de faire des vagues. Moins d’un mois après le rapport de Human Rights Watch (HRW) qui a interpellé le gouvernement zambien sur ce grave problème environnemental et sanitaire, des fermiers ont décidé d’intenter une action en justice contre la société chinoise incriminée.

Une fuite toxique aux conséquences durables

La catastrophe est née de la rupture d’une retenue contenant des résidus miniers. Selon des experts, des millions de litres de substances chimiques se sont échappés, contaminant les sols et les cours d’eau voisins. Parmi les éléments rejetés figurent le cyanure, l’arsenic, le cuivre et le cadmium, à des niveaux jugés extrêmement dangereux.

L’entreprise sud-africaine Drizit, chargée de nettoyer le site, affirme que les volumes déversés sont vingt fois supérieurs aux chiffres avancés par Sino-Metals Leach. Les risques sanitaires sont considérables : cancers, malformations congénitales et perturbations des écosystèmes locaux.

Des plaintes en série et une indemnisation colossale réclamée

Cette nouvelle action en justice s’ajoute à celle déposée il y a deux semaines par 176 habitants, également victimes de la pollution. Les plaignants exigent 220 millions de dollars de compensation. Cette somme devrait financer une étude environnementale et sanitaire indépendante, mais aussi le relogement des familles touchées, dont les terres agricoles ont été durablement contaminées.

« Nos champs sont stériles, nos animaux tombent malades et nos enfants souffrent déjà de problèmes de santé », dénonce l’un des fermiers concernés, appelant l’État à protéger les populations rurales face aux excès des compagnies minières.

L’entreprise chinoise se défend, l’État sous pression

Face à l’ampleur du scandale, Sino-Metals Leach a qualifié la plainte d’« infondée ». La société affirme avoir respecté les directives de réhabilitation environnementale imposées par le gouvernement zambien. Une position qui peine à convaincre, alors que les analyses indépendantes contredisent largement ses déclarations.

Pour le gouvernement, qui mise sur les investissements étrangers pour dynamiser l’industrie minière, l’affaire est délicate. Elle ravive le débat sur les conditions d’exploitation des ressources naturelles, la protection des communautés locales et le rôle de l’État dans la régulation des activités minières surtout dans les pays du continent africain. Cette situation n’est pas sans rappeler le drame des marées noires dans le delta du Niger.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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