Le Kenya relance le projet autoroutier Nairobi–Nakuru avec la Chine après le retrait de Vinci


Lecture 3 min.
Autoroute Nairobi–Nakuru
Autoroute Nairobi–Nakuru

Le Kenya a officiellement lancé en novembre 2025 la construction d’une autoroute stratégique reliant Nairobi à Nakuru et au Mau Summit, un projet de 1,5 milliard de dollars désormais confié à des entreprises chinoises. Ce chantier marque la coopération infrastructurelle entre Nairobi et Pékin, après l’abandon d’un contrat controversé avec le consortium français Vinci.

Le projet vise à transformer 233 kilomètres de route à voie unique en autoroute à plusieurs voies, un axe vital reliant Nairobi aux régions occidentales et aux pays voisins du Kenya, notamment l’Ouganda et la RDC. Après l’annulation du contrat avec le consortium français Vinci en raison de désaccords financiers sur les conditions de péage et de gestion du risque, les autorités kényanes ont choisi de s’associer à des entreprises chinoises pour relancer le chantier.

Le retrait de Vinci, initialement lauréat en 2018 d’un contrat de 1,3 milliard de dollars, a suscité des tensions. Le modèle proposé par les Français imposait au gouvernement kényan de compenser les pertes potentielles dues à un trafic moins élevé que prévu. Le Kenya a dû effectuer un paiement de 6,2 milliards de shillings pour éviter un litige judiciaire coûteux. Ce retrait a ouvert la voie à une nouvelle stratégie avec la Chine, avec un modèle de financement en partenariat public-privé (PPP).

28 ans de concession

En novembre 2025, le Kenya a officiellement lancé les travaux, financés à 75% par la dette et 25% par des fonds propres, avec notamment la China Road and Bridge Corporation (CRBC) et le fonds de pension d’État NSSF. Le projet est divisé en deux phases : la première consiste à élargir 139 kilomètres d’autoroute existante, et la seconde à développer un tronçon supplémentaire de 94 kilomètres. Les entreprises chinoises auront 28 ans de concession pour exploiter la route et recouvrer leurs investissements via les péages.

Ce virage vers la Chine intervient dans un contexte géopolitique fort. La coopération renforcée a été actée lors de la visite du président William Ruto à Pékin en avril 2025, malgré les critiques du président américain Donald Trump. Ce projet s’inscrit dans une stratégie kenyane visant à diversifier ses partenariats commerciaux et à améliorer ses infrastructures clés, tout en répondant aux besoins d’exportation vers l’Asie.

Toutefois, certains dirigeants ont exprimé des préoccupations concernant les frais de péage proposés, craignant que les automobilistes doivent payer pour le carburant, la taxe d’entretien routier et des frais supplémentaires pour utiliser la route.

Avec une dette auprès de la Chine estimée entre 6 et 8 milliards de dollars, Nairobi doit gérer finement cet équilibre entre développement et charge financière. Ce projet d’autoroute est néanmoins perçu comme un levier crucial pour stimuler le commerce et la mobilité dans la région, dimensionnant le Kenya comme une plaque tournante logistique en Afrique de l’Est.

Avatar photo
LIRE LA BIO
Fred Krock est un journaliste centrafricain reconnu pour son engagement dans la couverture de l'actualité africaine, notamment à travers ses contributions sur Afrik.com. Fred Krock est aussi directeur de la Radio Lengo Songo à Bangui, en République centrafricaine.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News