Voitures bricolées, Pneus hors norme… Les maux du transport au Sénégal


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Un apprenti mécanicien avec le moteur
Un véhicule de transport au Sénégal

L’accident de la route ayant causé la mort de plusieurs dizaines de personnes a mis à nu quelques problèmes qui gangrènent le secteur du transport au Sénégal. En effet, ce sont des véhicules pour la plupart bricolés qui assurent le transport dans le pays. Sans compter que la plupart des pneus qui sont commercialisés ne répondent pas aux normes.

Le gouvernement sénégalais a décidé d’interdire la circulation des bus pendant la nuit entre les villes et les villages. La décision, prise ce mardi 10 janvier 2023, interdit par ailleurs l’importation de pneus usagés. Ces dispositions font partie d’une vingtaine de mesures prises à l’issue d’un Conseil interministériel tenue hier, lundi. La rencontre a été organisée en urgence, après une collision qui aurait fait 58 morts. Un premier bilan avait fait état de 54 morts : 38 morts sur le coup, 16 décès enregistrés par la suite. Suffisant pour que le couperet tombe. Il est désormais interdit aux bus de transport de circuler entre les localités de 23H00 à 05H00.

Le système de transport au Sénégal est gravement malade

Cet accident est en réalité la partie visible de l’iceberg. Car derrière tout cela, il faut dire que le système de transport au Sénégal est gravement malade. Tout commence par les propriétaires des bus « souvent acheté à 25 – 35 millions de FCFA l’un. Ces grands transporteurs confient ces bus à des chauffeurs et leur réclament un versement hebdomadaire qui peut aller jusqu’à 600 000 FCFA. Normal que ces conducteurs se privent de sommeil et multiplient les navettes pour assurer le versement », confie ce chauffeur. S’il faut en plus pour le chauffeur trouver les voies et moyens de se faire assez d’argent sur le dos du transport, bonjour les dégâts.

Un soudeur métallique
Un soudeur métallique en train de modifier une pièce de voiture, ce mardi 10 janvier 2023

En effet, « le chauffeur se trouve des adjoints et fait rouler la voiture 24 heures sur 24. Le mal est profond dans ce pays », reconnait le chauffeur. L’autre problème du transport au pays de la Téranga concerne les normes de ces véhicules. Pour la plupart, ces voitures destinées à convoyer des personnes sont, en effet, bricolées. Dans la réparation ou la modification de ces voitures interviennent des non-professionnels. Parfois, c’est le mécanicien ou même le soudeur métallique qui intervient. Sans compter que la plupart des pneus vendus dans le pays ne répondent pas aux normes. Des pneus de piètre qualité, très souvent de fabrication chinoise. Tantôt, ce sont des pneus importés dans un état d’usure avancée, s’ils ne sont pas mal réchappés.

Des bus qui franchissent tous les contrôles routiers

Non contents de rajouter des strapontins, les propriétaires des bus se plaisent à y installer un porte-bagages pouvant contenir jusqu’à cinq voir six tonnes. De 57 places, les bus se retrouvent avec 72 places, « du fait des quinze places ajoutées », poursuit le chauffeur. Et chose curieuse, ces bus, quelle que soit leur vétusté, parviennent à franchir tous les contrôles routiers : police comme gendarmerie. Ces personnes censées faire appliquer la réglementation sur le transport, sont accusées d’enfreindre les règles. Plusieurs fois en effet, les hommes de tenue ont été indexés pour leur laxisme dans la gestion de la circulation des véhicules.

Quasiment tous les véhicules parviennent à franchir les contrôles. Comment font-ils ? Souvent, le chauffeur n’a même pas affaire avec le policier ou le gendarme, c’est l’apprenti qui se charge de récupérer les pièces afférentes à la conduite. Moyennant quoi ? Allez savoir. Toujours est-il que les commissaires des zones impliquées dans des accidents restent en poste et ne sont jamais inquiétés, malgré les manquements de leurs agents. Dire que l’Etat compte régler le mal, sans vouloir toucher à la racine. Notamment ces instances qui attribuent des contrôles techniques à ces tombeaux circulant. Et ces agents qui laissent circuler ces dangers qui sèment la mort.

Lire : Transports : comment le Sénégal préserve le « Ndiaga Ndiaye » 

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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