Un rassemblement contre la torture en Tunisie


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Un appel à manifester contre la torture a été lancé sur Facebook pour un rassemblement ce vendredi à la Kasbah, à Tunis. Les initiateurs estiment que le problème n’est pas assez traité dans les médias, ni chez l’élite et les politiques « malgré sa grande importance ».

Le soulèvement populaire en Tunisie n’a pas enrayé avec lui le problème de la torture. Un groupe de jeunes blogueurs a décidé de lancer un appel sur Facebook pour manifester ce vendredi à la Kasbah, à Tunis, afin « d’imposer » le dossier aux médias mais aussi aux politiques. Ceux-ci estiment qu’il s’agit d’un véritable fléau dont les pouvoirs font preuve de désintérêt. « Nous tenterons d’imposer nos revendications aux politiciens, juristes, décideurs du ministère de l’Intérieur, pour qu’ils rouvrent les dossiers de torture que tous veulent esquiver », explique le blogueur Yassine Ayari, à l’initiative de ce rassemblement.

Les organisateurs expliquent qu’il ne s’agit pas d’un combat pour ou contre Ennahda, le gouvernement ou encore les salafistes, mais il est « en faveur de toute la Tunisie, et contre toute atteinte à l’intégrité physique et à la dignité humaine ». Ils souhaitent rappeler les enjeux du soulèvement en Tunisie : « la dignité du citoyen, malmenée par la dictature ». Car si Ben Ali est en fuite, les dérives policières et la torture sont toujours présentes dans le pays.

Le secrétaire du Parti des Travailleurs, Hamma Hammami, a accusé ce jeudi le ministère de l’Intérieur de torturer des citoyens dans les régions de Gafsa, Siliana et Tunis. Une pratique coutumière sous l’ère Ben Ali. La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) affirme que « les autorités tunisiennes violent le droit de l’individu à la vie, à la liberté et à l’intégrité physique », et souligne qu’il s’agit là de « transgression des conventions internationales ratifiées par la Tunisie, interdisant la torture et les mauvais traitements », selon la presse tunisienne.

La mort d’un détenu remet le feu aux poudres

Lundi 10 septembre, Abderraouf Khammasi, un individu placé en garde à vue, meurt des suites d’un traumatisme crânien, selon des sources médicales de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis où il a été transféré. Ce même jour, Ennahda publie un communiqué pour dénoncer les violences dans les postes de police. L’individu a été arrêté le 28 août dernier et mis en garde à vue au siège de la brigade de la police judiciaire de Sidi Hassine, à Tunis, pour son implication dans une affaire criminelle. Dans un communiqué paru lundi 10 septembre, le ministère de l’Intérieur a annoncé le maintien en détention de quatre policiers soupçonnés d’avoir torturé Abderraouf Khammasi. Ces derniers font l’objet d’une enquête judiciaire.

La présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT), Radhia Nasraoui, dénonce la torture qui « ne s’est pas arrêtée dans les prisons et les postes de police » mais qui au contraire serait devenue, selon elle, « un phénomène endémique, ce qui est triste pour la Tunisie ». Elle a affirmé, le 12 septembre, que ces tortures touchaient non seulement des hommes, mais aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées. Souvent, « les victimes sont des militants politiques et des criminels de droit commun ». De son côté, Hamma Hammami estime que le gouvernement fait preuve de « laxisme dans le jugement des responsables et dans la construction d’un appareil sécuritaire sur des bases républicaines ».

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