Un présumé baron du trafic de migrants devant la justice néerlandaise


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Embarcation de migrants
Embarcation de migrants

Aux Pays-Bas, s’ouvre le procès de Tewelde Goitom, un Érythréen accusé d’avoir dirigé un vaste réseau de traite d’êtres humains reliant l’Afrique de l’Est à l’Europe. Extradé d’Éthiopie, il est soupçonné d’avoir exploité et rançonné des milliers de migrants dans des conditions inhumaines. Un procès emblématique d’un trafic aussi lucratif que meurtrier.

Le tribunal des Pays-Bas a ouvert ce lundi l’un des plus grands procès pour traite d’êtres humains jamais portés devant la justice néerlandaise. Au cœur de cette affaire, un Érythréen nommé Tewelde Goitom, également connu sous le nom d’Amanuel Walid. Les procureurs l’accusent d’avoir été le cerveau d’un vaste réseau qui aurait acheminé des milliers de migrants d’Afrique de l’Est vers l’Europe, les soumettant à des conditions effroyables et réclamant des rançons astronomiques à leurs familles. Extradé d’Éthiopie en 2022, où il avait déjà été condamné pour des crimes similaires, Goitom nie farouchement les accusations, plaidant l’erreur sur la personne. Ce procès, prévu pour durer trois semaines, est un coup de projecteur sur la brutalité et l’ampleur du commerce illégal d’êtres humains.

Des conditions inhumaines et des rançons exigées

Selon l’accusation, l’opération dirigée par Tewelde Goitom était marquée par une cruauté sans nom. Les migrants, originaires d’Afrique de l’Est, étaient transportés vers l’Europe dans des conditions extrêmement dangereuses et dégradantes. L’horreur ne s’arrêtait pas là : le réseau aurait exigé des sommes d’argent colossales auprès des proches des victimes, en échange de leur libération des camps où ils étaient détenus, notamment en Libye. Ces rançons, qui pouvaient atteindre des dizaines de milliers de dollars, étaient une source de revenus massive et sordide pour le réseau de trafiquants.

Face à la gravité des charges, Tewelde Goitom a maintenu sa ligne de défense : il serait la victime d’une confusion d’identité. « Je suis toujours celui que j’ai dit être plus tôt« , a-t-il affirmé lors de la présentation de son identité, s’exprimant par l’intermédiaire d’un interprète. Son avocat, Simcha Plas, a par ailleurs soulevé une question de fond sur la portée de cette procédure. L’avocat a, en effet, déclaré que si l’objectif du ministère public était d’apporter « une réponse aux problèmes mondiaux de migration« , cela ne relève pas du droit pénal néerlandais. Pour la défense, le droit criminel devrait se cantonner aux situations relevant clairement de la juridiction des Pays-Bas.

Un complice redouté toujours en ligne de mire

Ce procès est également lié à un autre nom tristement célèbre dans le milieu du trafic d’êtres humains : Kidane Zekarias Habtemariam. Décrit par les autorités comme l’un des trafiquants d’êtres humains « les plus recherchés au monde », Habtemariam s’était échappé pendant son propre procès en Éthiopie en 2020. Bien que son extradition vers les Pays-Bas ait retardé le procès de Goitom, il est actuellement détenu aux Émirats arabes unis et sera également livré à la justice néerlandaise. La perspective de juger ces deux figures majeures du trafic de migrants en Europe témoigne de la détermination des Pays-Bas à démanteler ces réseaux transnationaux.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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