Un premier pas vers une réconciliation historique entre l’Algérie et la France


Lecture 4 min.
Drapeaux français et algérien
Drapeaux français et algérien

La cinquième réunion de la Commission Mixte Algéro-Française sur l’Histoire et la Mémoire qui s’est déroulée à Alger, marque une étape dans la reconnaissance des événements de la période coloniale et la restitution de biens culturels. Cette rencontre s’inscrit dans la préparation de la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune en France prévue pour l’automne prochain.

Réunissant des historiens éminents des deux nations, la cinquième réunion de la Commission Mixte Algéro-Française sur l’Histoire et la Mémoire s’est tenue du 20 au 24 mai à Alger. Cet événement marque une étape cruciale dans les efforts visant à reconnaître et à comprendre les événements douloureux de la période coloniale et à œuvrer vers une réconciliation mémorielle entre l’Algérie et la France.

Cette rencontre intervient à quelques mois de la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, prévue pour l’automne prochain. Les discussions au sein de la commission porteront sur plusieurs sujets sensibles, notamment la reconnaissance des massacres perpétrés pendant la colonisation, la restitution des biens culturels et archivistiques, ainsi que l’étude des événements clés de cette période tumultueuse.

Un dialogue historique pour la mémoire et la réconciliation

L’historien Benjamin Stora, président de la commission côté français, a souligné l’importance de travailler avec rigueur et objectivité sur les aspects historiques, en identifiant méthodiquement les phases clés de la présence française en Algérie. « Nous devons examiner de manière scientifique et méthodique les massacres commis par l’armée d’occupation contre le peuple algérien au début de l’invasion » a-t-il déclaré. Cette approche scientifique vise à apporter un éclairage précis sur les motivations et les conséquences de la colonisation, y compris les crimes de pillage et les déplacements forcés de populations.

Une part significative des discussions sera consacrée à l’inventaire et à la restitution des archives détenues par la France, notamment celles relatives aux Algériens et à la période coloniale. « Le travail doit porter sur des événements, des personnages et des documents spécifiques, et il faut œuvrer à leur restitution par étapes, » a précisé Stora. L’accent sera également mis sur la restitution des biens symboliques, tels que les effets personnels de l’émir Abdelkader, symboles d’une histoire partagée entre les deux nations.

L’équipe d’historiens algériens, dirigée par Mohamed Lahcen Zeghidi, a présenté une liste exhaustive de biens historiques et symboliques du XIXe siècle, conservés dans diverses institutions françaises, à restituer à l’Algérie. « La partie française accepte et s’engage à transmettre au Président Emmanuel Macron la liste transmise par la partie algérienne afin que les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible », a précisé le communiqué. Cette démarche reflète la volonté de reconnaître et de réparer les injustices du passé, tout en ouvrant la voie à une coopération plus étroite entre les deux pays.

Avancer sur la la question des archives

La commission a exprimé son souhait que le traitement du dossier mémoriel réponde aux aspirations des peuples algérien et français. Ainsi, elle a souligné la nécessité de poursuivre les négociations sur la question des archives et de concrétiser les actions tangibles évoquées dans la Déclaration d’Alger de 2022 entre les présidents Tebboune et Macron.

En parallèle, la commission a salué les perspectives de partenariat entre les institutions archivistiques des deux pays, visant à renforcer les échanges scientifiques et culturels. En ce sens, la commission « se réjouit des perspectives de partenariat esquissées par les responsables du Service interministériel des archives de France (SIAF) et de la Bibliothèque nationale de France (BNF), à l’occasion des visites organisées par la commission, notamment auprès du Centre des archives nationales d’Algérie et de la Bibliothèque nationale d’Algérie, particulièrement dans les domaines de la coopération scientifique et technique, d’échanges de professionnels, de la formation, de la numérisation, et plus largement de partage des savoirs (expositions, Inventaires communs…)« . Ces initiatives témoignent d’une volonté commune de mieux comprendre et valoriser l’histoire partagée, dans un esprit de réconciliation et de coopération.

La prochaine rencontre de la commission se tiendra en France début juillet 2024, marquant une nouvelle étape dans ce dialogue historique essentiel.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News