Un éléphant abattu en pleine ville à Bobo-Dioulasso : polémique autour d’une décision controversée


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Eléphant
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La stupeur et l’indignation se mêlent à la peur ce vendredi 22 août, au secteur 26 de Bobo-Dioulasso, après l’abattage d’un éléphant adulte égaré dans les ruelles du quartier. Alors que l’animal appartient à une espèce intégralement protégée au Burkina Faso, la décision des autorités forestières de l’abattre suscite de vives interrogations.

Repéré tôt dans la journée, le pachyderme a erré plusieurs heures au milieu des concessions, visiblement désorienté. Sa présence a attiré une foule de curieux, rendant la situation difficilement maîtrisable. Dans ses déplacements, l’animal a endommagé plusieurs biens, notamment des motocyclettes, et une personne a été blessée dans une bousculade, selon un reportage diffusé par la RTB.

Une issue controversée

Les agents des Eaux et Forêts, dépêchés sur les lieux, affirment avoir tenté sans succès de reconduire l’animal vers son habitat. « Nous avons essayé par tous les moyens de le faire repartir. Mais l’éléphant, devenu agressif, chargeait la population. La seule solution qui s’imposait a été de l’abattre », a expliqué le Lieutenant-Colonel Hassime Rabo, directeur régional des Eaux et Forêts du Guiriko.

Un choix qui soulève pourtant des critiques. L’éléphant d’Afrique est une espèce menacée et intégralement protégée par la loi burkinabè, ainsi que par plusieurs conventions internationales. Sa mise à mort, bien que justifiée par la nécessité de protéger la population, apparaît comme une contradiction avec les engagements du pays en matière de conservation.

Un problème récurrent et mal géré ?

Ce n’est pas un cas isolé. À Ouagadougou, un buffle a récemment été tué dans des circonstances similaires. Ces incidents répétés témoignent de la multiplication des incursions d’animaux sauvages dans les zones urbaines. Mais au lieu de mesures de prévention et de sauvegarde de la faune, la réponse semble se limiter à l’abattage.

Les spécialistes rappellent que la fragmentation des habitats, la déforestation et l’urbanisation incontrôlée poussent les animaux à s’aventurer dans les zones habitées. Plusieurs voix estiment que des solutions alternatives – comme la création de corridors écologiques, le renforcement des équipes de capture et la sensibilisation des populations – doivent être envisagées pour éviter que les abattages deviennent la norme.

Pour les habitants du secteur 26, la peur de cette journée restera vive. Mais pour les défenseurs de l’environnement, c’est surtout l’image d’un éléphant, emblème de la richesse naturelle du Burkina Faso, abattu en pleine ville, qui marque les esprits et appelle à repenser d’urgence la cohabitation entre humains et faune sauvage.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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