Tunisie : Sonia Dahmani, l’avocate au franc-parler, condamnée à 8 mois de prison


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Drapeau de Tunisie
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L’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani, connue pour ses critiques virulentes, a été condamnée à huit mois de prison pour avoir ouvertement critiqué le président Kaïs Saïed.

L’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani, connue pour son franc-parler, a été condamnée à huit mois de prison ferme après avoir critiqué ouvertement le président Kaïs Saïed lors d’une émission télévisée. Cette affaire, qui soulève de nombreuses questions sur la liberté d’expression en Tunisie, a provoqué une onde de choc dans le pays et au-delà. Que se cache-t-il derrière cette condamnation qui semble s’inscrire dans un contexte de répression croissante ?

Des propos ironiques qui dérangent

L’affaire commence en mai dernier lorsque Sonia Dahmani, lors d’une intervention télévisée, ironise sur la situation du pays. En réponse à un autre chroniqueur qui affirmait que des migrants subsahariens cherchaient à s’installer durablement en Tunisie, elle lâche : « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? ». Ces propos lui vaudront une arrestation en direct et une accusation pour diffusion de fausses informations et incitation à la haine.

Ce type de déclaration, bien qu’ironique, semble avoir franchi une ligne rouge sous le régime de Kaïs Saïed, dont les critiques se multiplient face à sa gestion autoritaire du pays depuis le coup de force de juillet 2021.

Une arrestation en direct qui choque l’opinion

Le 11 mai 2023, alors qu’elle intervenait en direct lors d’une émission, Sonia Dahmani est arrêtée par des policiers masqués. La scène, surréaliste, a provoqué une vague de protestations et de grèves. Pour beaucoup, cette arrestation symbolise une dérive autoritaire, où la répression judiciaire devient l’outil principal pour museler les voix critiques du pouvoir.

Ses avocats dénoncent une « fouille à nu » et des mauvais traitements durant sa détention, tandis que sa sœur cadette décrit une situation humiliante et dégradante. Cette affaire dépasse rapidement le cadre national, et des organisations internationales commencent à s’intéresser de près à ce dossier.

Un harcèlement judiciaire sous couvert de décret présidentiel

Sonia Dahmani est condamnée en vertu du décret présidentiel 54 sur la diffusion de fausses nouvelles, une loi introduite en septembre 2022, très critiquée pour son interprétation jugée trop large. Depuis son entrée en vigueur, plus de 60 journalistes, avocats, et figures de l’opposition ont été poursuivis ou condamnés sur cette base.

Le cas de Dahmani semble symptomatique de cette répression croissante. Ses avocats parlent d’un véritable « harcèlement judiciaire », où la défense n’a même pas eu l’occasion de plaider pour sa remise en liberté. L’avocat français Pierre-François Feltesse, qui fait partie de son comité de défense, a même annoncé son intention de saisir le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire.

Une affaire qui interroge sur la liberté d’expression en Tunisie

Cette condamnation relance le débat sur l’état de la liberté d’expression en Tunisie. Si Kaïs Saïed avait été élu démocratiquement en 2019, son pouvoir a pris une tournure inquiétante depuis le coup de force de 2021. Les critiques envers son régime se multiplient, tandis que les voix dissidentes, qu’elles soient politiques ou médiatiques, sont de plus en plus réprimées.

Les défenseurs des droits humains craignent que cette affaire ne soit qu’un exemple parmi tant d’autres de la dérive autoritaire du président. Pour eux, le décret 54 devient une arme politique destinée à neutraliser toute opposition, et l’affaire Dahmani pourrait être un signal inquiétant pour l’avenir des libertés individuelles en Tunisie.

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