Tunisie : les islamistes renoncent à manifester


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La manifestation prévue ce vendredi pour protester contre l’exposition le « Printemps des arts » au Palais de La Marsa, à Tunis, jugée « impie » et « offensante » par les fondamentalistes, a été annulée par l’ensemble des courants islamistes, dont le parti Ennahda. Le ministère de l’Intérieur a instauré un couvre-feu et a interdit toute marche à travers le pays.

Le calme est revenu à Tunis. Le ministère de l’Intérieur a interdit toute marche à travers le pays. Le parti Ennahda, grand gagnant des dernières législatives, mais surtout les radicaux, dont les salafistes, ont renoncé à la marche organisée en marge de la grande prière du vendredi pour défendre « les valeurs du sacré ». Les religieux et une partie de la population tunisienne se disent choqués par des œuvres jugées « blasphématoires » et « offensantes », présentées dans le cadre de l’exposition le « Printemps des arts », au Palais Abdellia de La Marsa à Tunis. Il s’agissait, entre autres, de tableaux représentant des fourmis qui forment le nom d’Allah (Dieu, ndlr), des caricatures de la Mecque, un homme barbu avec de longues dents ou encore le portrait d’une femme nue. Des casses et des violences entre contestataires et forces de l’ordre, provoquant la mort d’une personne et des dizaines de blessés, avaient eu lieu dans la nuit de lundi à mardi dernier.

Abou Lyadh, le leader de la branche la plus radicale de la mouvance salafiste tunisienne, Ansar Al Charia, a annoncé sur sa page Facebook qu’il renonçait aussi à défiler ce vendredi. Dans un communiqué, la mouvance appelle tous ses frères à « comprendre cette décision (du ministère, ndlr) et à ne pas se laisser entraîner par leurs émotions ». Même décision pour le parti islamiste interdit Hizb Ettahrir. Toutefois, la tension reste à son comble. Un rassemblement aura tout de même lieu à la Kasbah, devant le siège du gouvernement à Tunis, où « toutes les tendances » islamistes seront présentes.

Des casseurs, rien que des casseurs ?220px-Lina_Ben_Mhenni3.jpg

Dans son blog, A tunisian girl, la célèbre cyber-activiste tunisienne Lina Ben Mhenni, apporte une version différente de celle des médias. Selon elle, ce ne sont pas les salafistes qui ont mené les casses dans la nuit de lundi à mardi. « Ce que j’ai écrit est un témoignage et ce qui m’a poussée à témoigner c’est le nombre de rumeurs que j’ai vu circuler sur Facebook ce soir-là. En effet, j’étais sur place, je ne voyais pas de salafistes et je suivais ce que les gens partageaient sur Facebook. Ils décrivaient des batailles qui n’existaient pas en mentionnant que cela se passait à l’instant », écrit la cyber-militante.

« Ce soir-là tout le monde parlait de salafistes mais personne n’a parlé de casseurs. Pourtant ils étaient là. Comme je l’ai écrit dans mon billet un officier de la police a confirmé que ceux que nous avons vu sur place étaient des casseurs venus d’autres quartiers et non pas des salafistes. Personnellement, je n’ai pas entendu un seul slogan religieux et je n’ai pas vu une seule barbe », poursuit-elle.

« Nous avons passé toute la nuit à chercher la vérité. A l’aube, nous étions tous d’accord sur le fait que nous n’avons pas vu de salafistes mais des gamins qui commençaient à vivre leur adolescence. Des questions se posent », s’interroge-t-elle.

Dimanche dernier, au palais de La Marsa, les salafistes étaient bel et bien présents. Accompagnés d’un avocat et d’un huissier, ils s’étaient rendus au Palais Abdellia et ont ordonné aux organisateurs de retirer les toiles controversées. Quant aux dégâts engendrés dans la nuit de lundi à mardi dernier, en effet, aucune preuve n’indique que les mouvances salafistes en sont à l’origine. Durant cette nuit-là, nombreux ont été les Tunisiens, non salafistes, à descendre dans la rue…

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