Tunisie : les conservateurs d’Ennahda cèdent face aux modérés


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Le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a fini par accepter la décision du Premier ministre Hamadi Jebali de composer un gouvernement formé en partie de technocrates.

La frange conservatrice d’Ennahda a cédé face aux modérés. Moins d’une semaine après la mort de l’opposant Chokri Belaïd, le leader d’Ennahada, Rached Ghannouchi, a fini par accepter la décision du Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement composé de technocrates. Pendant cinq jours, Ennahda était divisée en deux blocs : le clan Jebali, les modérés favorables au gouvernement de technocrates, et le clan Ghannouchi, les conservateurs contre le gouvernement proposé par Jebali.

« Le gouvernement qui peut sauver la situation dans le pays est un gouvernement de sauvetage national et de coalition nationale. Notre initiative va sûrement aller vers celle de Jebali », a déclaré Ghannouchi, ce mardi, à la chaîne tunisienne Al Moutawasat. Une déclaration qui sonne comme un désaveu pour celui qui entendait garder la main sur les ministères régaliens. Mais avait-il le choix ? Selon la loi d’organisation provisoire des pouvoirs publics, le Premier ministre peut en effet « créer, modifier et supprimer les ministères et les secrétariats d’Etat, et fixer leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres et information du président de la République ». En d’autres termes, Hamadi Jebali a, dans le contexte politique actuel de la Tunisie, le droit le plus total de composer un nouveau gouvernement avec ou sans l’aval de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC). Et en l’intronisant à la tête du gouvernement en décembre 2011, l’ANC lui a octroyé ce droit.

Le compromis

« On est ouvert à tous afin d’arriver à composer un gouvernement de compétences nationales qui rejoint ce que demande Jebali, avec une représentation élargie », a ajouté Ghannouchi. Toutefois, ce dernier souhaite que le nouveau cabinet « représente aussi les forces politiques ». D’après lui, des pourparlers ont été entamés avec une demi-douzaine de partis, dont les alliés progressistes d’Ennahda : Ettakatol et le CpR, présents dans l’actuelle troïka.

Ettakatol, le parti du Président de la République Moncef Marzouki, et le parti du Congrès pour la République (CpR), dirigé par le président de l’ANC Mustapha Ben Jaafar, à l’instar de Ghannouchi, n’étaient pas d’accord pour la formation d’un gouvernement apolitique. Mais dans un contexte de crise politique, approfondie par l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, quelle autre alternative aurait dans l’immédiat soulagé la colère des Tunisiens si ce n’est l’arrivée au pouvoir de leaders apolitiques ? Car pour élire les nouveaux favoris de la Tunisie, le peuple devra patienter jusqu’à la rédaction finale de la Constitution afin d’organiser de nouvelles élections.

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