
À moins d’un an de la formation du gouvernement d’unité nationale, l’Alliance démocratique claque la porte du dialogue lancé par Cyril Ramaphosa. En dénonçant l’inefficacité du processus et la présence de figures controversées du pouvoir, le principal parti d’opposition ravive les tensions au sein d’une coalition déjà fragilisée.
Le climat politique sud-africain se tend davantage à l’approche du premier anniversaire du gouvernement d’unité nationale. L’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition et partenaire clé de la coalition dirigée par Cyril Ramaphosa, a annoncé son retrait immédiat du « dialogue national ». Une décision qui révèle l’ampleur des fractures internes au sein du pouvoir partagé entre l’ANC et ses alliés.
Une rupture dans un climat déjà fragile
Lancé le 10 juin par le président Ramaphosa, le dialogue national devait permettre de rassembler les forces vives du pays autour des grandes problématiques : chômage, criminalité, corruption. Mais à peine le processus amorcé, la DA a claqué la porte. Pour son leader John Steenhuisen, l’initiative n’est qu’un « gaspillage de temps et d’argent », sans perspective de changement réel tant que « les corrompus siègent encore à la table du pouvoir ».
Depuis sa formation en juillet 2024, le gouvernement d’unité nationale n’a cessé de naviguer entre compromis forcés et crises ouvertes. Si la DA a accepté de gouverner aux côtés de l’ANC après la perte de sa majorité, les visions des deux partis demeurent inconciliables. Accusations de décisions unilatérales, absence de concertation, et limogeage récent d’un ministre DA ont achevé de fragiliser la confiance entre alliés de circonstance.
Le dialogue national, victime collatérale de la coalition
Prévu pour s’étendre jusqu’en 2026, le dialogue national devait être une plateforme inclusive, ouverte à tous les secteurs de la société. Mais la sortie fracassante de la DA interroge désormais la légitimité même de ce projet. Peut-il encore incarner une voix commune quand les partenaires au sommet se déchirent ? Pour de nombreux observateurs, cette rupture pourrait annoncer une recomposition plus large du paysage politique sud-africain dans les mois à venir.
Le retrait de la DA ne signifie pas, pour l’heure, sa sortie du gouvernement. Mais cette mise à distance publique sonne comme un avertissement sévère. Alors que le pays s’apprête à commémorer un an de cohabitation politique inédite, l’unité nationale voulue par Cyril Ramaphosa semble plus que jamais menacée de désintégration.