
Face à une crise économique et sociale profonde, le président sud-africain Cyril Ramaphosa convoque un dialogue national inédit pour redonner la parole aux citoyens et réinventer la démocratie.
Mardi 10 juin, face caméra, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a lancé un « grand dialogue national », présenté comme une réponse à l’urgence sociale, économique et politique qui secoue le pays. Trente ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud peine à tenir les promesses d’une démocratie inclusive et prospère. En convoquant une première convention pour le 15 août 2025, le chef de l’État espère faire émerger, avec l’aide des citoyens, une nouvelle vision nationale, plus solidaire et mieux partagée.
Un processus dirigé par les citoyens, avec des figures emblématiques
Pour encadrer ce vaste chantier, une trentaine de personnalités issues de divers horizons ont été choisies : juges, scientifiques, leaders religieux, économiques, mais aussi artistes comme l’acteur John Kani et figures sportives telles que le capitaine des Springboks Siya Kolisi. Leur mission : coordonner les échanges à l’échelle du pays, recueillir les doléances, et aboutir à un « pacte national » définissant les rôles de chacun dans le redressement collectif.
Ramaphosa ne cache pas l’ampleur des obstacles. Avec un taux de chômage à 32 %, des services publics en panne et une criminalité galopante, l’Afrique du Sud traverse une crise multidimensionnelle. Le président reconnaît également l’érosion de la confiance envers les institutions, nourrie par des scandales de corruption à répétition. Le dialogue national est ainsi présenté comme un levier de reconstruction, mais aussi comme un acte politique fort, dans un contexte marqué par la formation récente d’un gouvernement d’unité nationale (GNU) composé de dix partis.
Une double convention pour construire le futur
Le processus s’articulera en deux temps : la première convention, en août, réunira représentants de la société civile, politiques, entrepreneurs, syndicats. Suivra une vaste phase de consultation populaire, ouverte à tous les Sud-Africains. Les contributions seront ensuite consolidées lors d’une seconde convention nationale, prévue début 2026. À terme, ce dialogue veut poser les fondations d’un nouveau chapitre de la démocratie sud-africaine, plus participatif et résilient.