
La Tunisie fait face à une explosion sans précédent du trafic de drogue sur son territoire. Les forces de sécurité enchaînent les saisies record, révélant l’ampleur d’un phénomène qui transforme radicalement le paysage criminel du pays. La dernière opération en date, menée fin août 2025, illustre parfaitement cette escalade : 370 000 comprimés d’ecstasy, 12 kilos de cocaïne, 13 voitures, une moto et près de 550 000 dinars saisis en une seule intervention.
Des chiffres qui donnent le vertige
Une série d’opérations spectaculaires témoigne de la transformation de la Tunisie en plaque tournante du narcotrafic international. Ainsi, l’année 2025 restera marquée par des saisies historiques. Dès le mois d’avril, les autorités tunisiennes réalisaient la plus grande saisie de drogue de l’histoire du pays avec plus d’un million de comprimés d’ecstasy, d’une valeur estimée à plus de 12 millions d’Euros. Cette opération monumentale avait permis de neutraliser un réseau international.
En juillet, nouvelle opération spectaculaire avec la saisie de 43 kilos de cocaïne, qualifiée d' »historique » par les autorités douanières. La drogue, dissimulée dans 39 plaques totalisant 42 929 grammes, avait été interceptée dans un camion près de Skhira, pour une valeur estimée à plus de 12,8 millions de dinars.
Parallèlement, les services douaniers ont multiplié les interceptions : 42 kg de cocaïne saisis à Sfax et 36 kg de cannabis au port de La Goulette rien qu’au mois d’août. Au total, depuis le début de l’année, plus de 58 kg de cocaïne et plus de 154 kg de cannabis ont été interceptés, auxquels s’ajoutent les centaines de milliers de comprimés de diverses drogues de synthèse qui représentent le principal produit illicite.
Le port de La Goulette, nouveau cœur du trafic
Le port de La Goulette, principal port du pays situé au nord de Tunis, est devenu un point névralgique de ce nouveau trafic. Les autorités y ont déjoué plusieurs tentatives de trafic d’ampleur inédite, avec notamment la découverte de 370 000 comprimés d’ecstasy et 12 kilogrammes de cocaïne dissimulés à bord d’un ferry de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN).
Les enquêtes révèlent une complexification remarquable des organisations criminelles opérant en Tunisie. L’opération d’avril 2025 avait nécessité plusieurs mois de surveillance et de suivis intensifs avant de permettre le démantèlement du réseau. Les enquêteurs avaient découvert une organisation structurée, utilisant des voitures de luxe pour le transport des produits illicites et disposant d’importantes sommes d’argent liquide.
Plus inquiétant encore, ces réseaux développent des stratégies de ciblage précises, notamment en direction des établissements scolaires et universitaires. La récente saisie d’avril concernait ainsi un réseau qui avait l’intention de distribuer massivement des comprimés d’ecstasy dans des zones éducatives spécifiquement identifiées.
Un marché de consommation en pleine explosion
Au-delà des chiffres des saisies, c’est la transformation du profil de la Tunisie qui interpelle. Le colonel-major Chokri Jebri, porte-parole de la direction générale des douanes, souligne une « demande croissante, notamment parmi les jeunes« . Le pays n’est plus seulement une zone de transit vers l’Europe, mais devient progressivement un marché de consommation de drogues dures.
Face à cette explosion, les autorités tunisiennes ont considérablement renforcé leurs moyens. La coordination entre la brigade centrale antidrogue de Ben Arous, la Direction générale des douanes, et les différentes unités spécialisées porte ses fruits, comme en témoignent les résultats spectaculaires des derniers mois.
Cependant, le défi reste colossal. Chaque réseau démantelé révèle l’existence d’organisations toujours plus sophistiquées, utilisant des techniques de dissimulation avancées et bénéficiant de complicités étendues. Les 14 suspects arrêtés lors de la dernière opération côtoient 15 autres individus activement recherchés, illustrant l’ampleur des réseaux à démanteler.