Tunisie : Ben Ali contre Ben Ali


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Le Président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali devrait être réélu sans surprise dimanche, au sortir d’une campagne dont les candidats et médias indépendants ont été exclus. L’attention se porte déjà sur l’élection de 2014.

Prévue dimanche, l’élection présidentielle tunisienne est loin de passionner les foules, tant le Président actuel, Zine el-Abidine Ben Ali, est assuré de sa réélection pour un cinquième mandat. En 2004, il avait atteint le score de 94,4% des scrutins. Parmi les trois concurrents, deux lui sont réputés proches : Mohamed Bouchiha et Ahmed Inoubli.

Une partie de l’opposition est mise à l’écart du scrutin par une loi électorale qu’elle dénonce comme écrite sur mesure pour ne laisser concourir que les « faux » opposants. Ainsi, Mustapha Ben Jaafar et Ahmed Nejib Chebbi n’ont pas été autorisés à se présenter. Quant à Ahmed Brahim, s’il n’a pas été disqualifié, il a toutefois subi maintes tracasseries administratives.

Une campagne à sens unique

Malgré l’assurance d’une victoire, le président tunisien n’a pas lésiné sur les moyens pour museler la presse d’opposition et restreindre la médiatisation de ses opposants. A deux jours de l’élection, l’association Reporters sans frontières (RSF) est montée au créneau, accusant le Président Ben Ali de graves atteintes à la liberté de la presse et au pluralisme de l’information durant la campagne.

Dans un communiqué publié ce vendredi, le secrétaire général de l’association de défense de la presse, Jean-François Julliard, a dénoncé « une impossible campagne pour les médias d’opposition », faisant état de plusieurs exemples de censure. RSF a dénoncé un accès restreint des candidats aux médias publics, ainsi que des cas d’intimidations et de menaces à l’encontre de journalistes, dont Taoufik Ben Brick, le correspondant du Nouvel Observateur et de Mediapart.

L’association condamne les atteintes au travail des journalistes, tunisiens comme étrangers. Mercredi, c’est l’envoyée spéciale du Monde, Florence Beaugé qui, à peine débarquée à l’aéroport de Tunis, s’est vue « interdite d’accès au sol tunisien ». L’intervention des représentants du Quai d’Orsay à Tunis n’y aura rien fait, la journaliste devrait suivre ce dimanche les élections tunisiennes depuis Paris.

Leïla Trabelsi, « femme de »

Selon certains observateurs, le prochain mandat du Président Ben Ali devrait toutefois être son dernier. A 73 ans, le dirigeant serait malade, à croire Nicolas Beau, journaliste de Bakchich, interrogé sur Liberation.fr.

Co-auteure avec lui du livre La Régente de Carthage, Catherine Graciet n’hésite pas à décrire, dans 20 minutes ce vendredi, la conjointe du Président, Leïla Trabelsi, comme tirant en coulisses les ficelles de l’économie tunisienne, tandis que son mari se contenterait de la diplomatie et de la sécurité. « Leila est surtout détestée par la grande bourgeoisie, qui […] doit backchicher le clan Trabelsi dès qu’un business dépasse les 15 000 € », déclare la journaliste.

Mais Leïla Trabelsi ne se présentera pas en 2014 pour succéder à son mari, selon Nicolas Beau, qui pense qu’« il est plus probable qu’elle place un homme à elle » à la tête du pays.

Dessin extrait du blog Débat Tunisie

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