Tortures au Maroc : le boxeur Zakaria Moumni se dit menacé


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Le boxeur Zakaria Moumni dit être visé par des menaces venant du Maroc suite à sa plainte déposée en France contre le royaume pour des faits de torture.

L’ex-champion marocain de kickboxing Zakaria Moumni affirme avoir reçu des menaces venant du Maroc, suite à sa plainte déposée en France, en février 2014, contre le royaume et Abdellatif Hammouchi, le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST), pour tortures. Le sportif a déposé une nouvelle plainte à Nanterre pour « menace » et « atteinte à l’intimité de la vie privée », selon une source proche du dossier.

Zakaria Moumni aurait reçu un SMS, le 14 octobre, provenant d’un numéro marocain, contenant un photomontage pornographique le mettant en scène dans une chambre d’hôtel de Rabat où il était descendu à l’invitation des autorités marocaines, en mars 2013.

Ce message indiquait que 57 autres vidéos étaient disponibles, selon Zakaria Moumni. L’ancien boxeur aurait reçu un second message, le 25 novembre, quelques heures avant qu’un homme ne sonne à l’interphone de son domicile français pour le menacer de rendre toutes les vidéos publiques s’il ne retirait pas sa plainte pour tortures.

« Des méthodes de basse police »

« Ce sont des méthodes de basse police qui relèvent des régimes les plus répressifs et les moins respectueux des droits de l’Homme », a déclaré à l’AFP son avocat, Me Patrick Baudouin. « J’espère que la justice française qui est saisie des actes de torture mènera l’enquête en toute indépendance et sans interférence à caractère politique», a-t-il ajouté.

Le Franco-Marocain Zakaria Moumni avait été arrêté au Maroc en 2010 et condamné dans une affaire d’escroquerie, à 30 mois de prison. L’organisation Human Rights Watch avait qualifié d’ « inéquitable » le procès, car l’ex-sportif de haut niveau a toujours affirmé avoir signé des aveux sous la contrainte et la torture. Il finit par être libéré en février 2012 après une grâce royale et sollicite une audience avec Mohammed VI afin de réclamer une enquête sur les faits de torture qu’il dénonce. C’est alors qu’il est invité à se rendre à Rabat en mars 2013 pour rencontrer le souverain qu’il ne verra finalement jamais. Moumni dépose donc plainte en France contre Abdellatif Hammouchi notamment, le patron du contre-espionnage marocain. Il l’accuse d’avoir assisté aux sévices qu’il aurait subis. Une enquête est ouverte à Paris.

D’autres plaintes ont été déposées à Paris contre la même personne, entraînant une grave crise politique entre le Maroc et la France. La visite de policiers français à la résidence de l’ambassadeur marocain, à Neuilly-sur-Seine, afin de notifier à Hammouchi – en visite à Paris en février 2014 – une convocation d’un juge d’instruction, sans passer par les canaux diplomatiques, avait été perçue comme une humiliation par les autorités marocaines. Celles-ci avaient donc décidé, entre autres, de suspendre les accords judiciaires avec la France.

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