Valérie Ka, la mannequin ivoirienne au top


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Valérie Ka
Valérie Ka

Tombée dedans alors qu’elle était toute petite, Valérie Ka est aujourd’hui l’un des top models africains les plus prisés de la place. La jeune Ivoirienne, à la fois désinvolte et professionnelle, garde les pieds sur terre et du recul sur le mannequinat. Rencontre.

J’ai rendez-vous avec elle place de l’Opéra à Paris. Je suis en avance. Valérie Ka, je ne suis pas sûr de la reconnaître. Elle a pourtant fait la dernière campagne Dop et était affichée en 4 par 3 dans toutes les stations du métro parisien. Je cherche dans le flux des passants un regard, un visage. Et puis la voilà. Pile à l’heure. Visage familier que pourtant je connais à peine. À son regard de chat répond un sourire d’une blancheur immaculée. Avait-elle vraiment besoin de lentilles de couleur noisette ? Je ne crois pas.

Otant son manteau au café, elle découvre un court débardeur rayé blanc et bleu qui met en valeur ses épaules nues et ses bras fuselés. « Toutes les informations me concernant sont sur mon site Internet ». Ça commence mal. L’entretien risque de tourner court. Elle regarde amusé le pauvre bougre devant elle qui se demande bien comment diable enchaîner après ce préambule pour le moins expéditif. Et puis, de banalités navrantes en questions confuses, la glace est rompue.

Famille de mannequins

Qui est Valérie Ka ? « Je viens d’une famille de mannequins. Ma mère et ma tante étaient mannequins. J’ai toujours baigné dans ce milieu. J’ai commencé toute seule avec mon cousin à faire des photos et puis j’ai été remarquée par Alphadi qui m’a prise pour un défilé. J’avais 14 ans ». Elle commande « un jus d’orange frais » et s’assure que le serveur a bien compris qu’il s’agissait d’oranges pressées et non d’un vulgaire jus en bouteille. Elle attend mes questions avec une étonnante patience. « Mon prochain rendez-vous n’est que dans une heure ».

Ses réponses, au départ affreusement laconiques, s’étoffent. Elle s’ouvre, tout en gardant ses distances, pour confier la peine et la douleur qu’elle éprouve pour son pays, la Côte d’Ivoire, secoué depuis septembre 2002 par des affrontements militaires. « Après l’annonce de la tentative de coup d’Etat, j’ai fait des cauchemars et j’ai eu la nausée pendant une semaine. Mais maintenant ça va un peu mieux ». La Côte d’Ivoire, elle ne l’a pas oublié. Même si elle s’est installée à Paris pour son métier, elle y retourne deux à trois fois pas an pour retrouver ses racines.

Petite protégée

Son ascension dans le milieu de la mode s’est fait doucement, sans accro. Une montée en puissance qu’elle attribue à la sympathie que suscitait son jeune âge à ses débuts. « J’ai toujours été protégée. Pour Alphadi j’étais sa ‘petite fille’, pour Katoucha, ‘sa chouchoute’, pour Lacroix ‘sa petite soeur' ».

Mais la petite fille a grandi. Si elle se consacre entièrement à son travail, elle reste lucide quant à ses atouts physiques. « Cela va peut être choquer beaucoup de monde, mais je ne me trouve pas foncièrement belle. Je considère uniquement que j’ai eu de la chance. Il y a plein de filles, surtout en Afrique, qui sont beaucoup plus belles que moi ».

Celle qui, petite, rêvait d’ouvrir une boîte de relations publiques, voyage désormais pour des campagnes de pub et des défilés, de Paris à New-York, de Tokyo à Madrid. Elle reconnaît malgré tout « qu’il n’y a pas vraiment de marché, en France, pour les femmes noires », et que même lorsqu’une marque recherche une femme noire « elle a tendance à la préférer métisse ».

Modèles de top models

Iman, Katoucha, Kimi Khan, elle connaît tout les premiers top models noires et elle les admirent pour tout ce qu’elles ont fait. « Elles nous ont ouvert le chemin », estime la belle Ivoirienne. Mais rien n’est encore fait pour autant. Et les chemins ne sont encore que des sentiers bien étroits. « Dans les défilés, il y a vingt ou trente mannequins. Des filles choisies sur des castings de près de 3 000 candidates proposées par les agences de Paris. Il m’est arrivée d’être très souvent la seule fille noire d’un défilé ».

Elle se souvient de tous ces mercredis après-midi à Abidjan où elle posait pour le magazine Top Visage et tient à remercier Emmanuel Behi, celui qui a su déceler en elle l’étincelle.

Si elle est l’un des premiers mannequins noirs à avoir fait, en France, une campagne de pub nationale, son meilleur souvenir reste son travail pour la ligne de maquillage Black Up. « On m’a fait confiance alors qu’un mannequin n’a l’opportunité de représenter une marque qu’en fin de carrière », explique-t-elle.

L’heure est passé vite. Son rendez-vous est déjà là. Avec un emploi du temps aussi serré, je lui demande enfin si elle trouve le temps de concilier une vie amoureuse avec ses différentes obligations professionnelles. « Quand on est amoureux tout est possible », me rétorque-t-elle avec simplicité, avant d’avouer qu’elle a quelqu’un dans sa vie. Le p’tit veinard. Valérie, une dernière fois, me sourit. C’est fini, elle est partie…

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