Top 5 des producteurs de bananes douces en Afrique : la course à l’export s’intensifie


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Alors que l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en fruits tropicaux, l’Afrique se positionne comme un acteur incontournable du marché mondial de la banane douce. Contrairement à sa cousine plantain, consommée localement comme aliment de base, la banane douce s’impose désormais comme une véritable manne financière pour plusieurs économies africaines en quête de devises. Tour d’horizon des cinq pays qui dominent cette filière en pleine expansion.

La Côte d’Ivoire consolide sa première place

Avec une production annuelle dépassant les 500 000 tonnes, la Côte d’Ivoire règne sans partage sur le marché africain de la banane douce. Le pays fournit environ 40% des importations européennes de bananes en provenance d’Afrique, un chiffre qui témoigne de sa domination régionale.

« Notre avantage repose sur des décennies d’investissements dans la modernisation des exploitations et dans la chaîne logistique » nous explique Konan de l’Association des Producteurs de Bananes de Côte d’Ivoire. Les vastes plantations du sud-est ivoirien, notamment autour d’Abengourou et d’Aboisso, bénéficient d’infrastructures de pointe et d’un savoir-faire reconnu internationalement.

Le Cameroun confirme ses ambitions

Solidement installé à la deuxième place, le Cameroun produit plus de 300 000 tonnes de bananes douces par an. Le secteur, largement dominé par des groupes comme PHP (Plantations du Haut Penja), filiale de la Compagnie Fruitière, a su développer des circuits d’exportation efficaces vers l’Europe, malgré quelques défis sécuritaires dans certaines zones de production.

« Les bananes du Cameroun sont particulièrement appréciées en France, en Espagne et en Italie pour leur qualité gustative, » souligne Konan. Le groupe PHP qui emploie plus de 6 000 personnes, mise sur la certification de ses produits pour maintenir sa position concurrentielle.

Le Ghana diversifie son agriculture

Longtemps dépendant du cacao, le Ghana a réussi à diversifier son agriculture d’exportation en développant une filière bananière performante qui produit environ 100 000 tonnes annuelles. Les régions sud et ouest du pays abritent la majorité des plantations, essentiellement tournées vers les marchés européens.

La stratégie consiste à se positionner sur les segments bio et équitable, où les marges sont plus intéressantes. Cette approche permet au pays de compenser son déficit de volume par une valeur ajoutée supérieure.

Le Mozambique, nouvel acteur stratégique

Bien que ses volumes restent modestes comparés aux leaders du secteur, le Mozambique s’affirme comme un acteur émergent avec une production d’environ 60 000 tonnes. Les investissements étrangers, notamment sud-africains et néerlandais, ont permis le développement de plantations modernes dans la province de Nampula.

Le Mozambique a l’avantage d’avoir accès à des terres fertiles encore inexploitées et à une main-d’œuvre disponible. Le pays explore activement les marchés du Moyen-Orient et d’Europe de l’Est, moins saturés que les destinations traditionnelles

L’Angola reconquiert son passé agricole

Ravagé par des décennies de guerre civile, l’Angola renoue progressivement avec sa tradition bananière. Avec une production estimée entre 50 000 et 60 000 tonnes, le pays mise sur les partenariats public-privé pour reconstruire sa filière, particulièrement dans la province de Benguela.

« Avant le conflit, nous étions un producteur majeur. Aujourd’hui, nous reconstruisons ce patrimoine agricole, » nous explique Carlos Silveira. Si la production reste majoritairement destinée au marché intérieur, les premiers projets d’exportation voient le jour, avec des ambitions qui dépassent le cadre régional.

Une alternative africaine face aux géants latino-américains

La filière bananière africaine doit encore surmonter de nombreux obstacles : accès à l’eau, infrastructures déficientes, changement climatique et respect des normes phytosanitaires européennes toujours plus strictes. Pourtant, dans un contexte où l’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements au-delà des traditionnels fournisseurs d’Amérique latine et des Caraïbes, le continent africain dispose d’atouts importants. En premier lieu sa proximité avec l’Europe, qui réduit les frais de transport et le coût carbone des marchandise.

La course est lancée, et elle pourrait bien redessiner la carte mondiale de la production de bananes douces.

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Fred Krock est un journaliste centrafricain reconnu pour son engagement dans la couverture de l'actualité africaine, notamment à travers ses contributions sur Afrik.com. Fred Krock est aussi directeur de la Radio Lengo Songo à Bangui, en République centrafricaine.
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