Togo : un scrutin présidentiel sous haute pression


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Drapeau du Togo
Drapeau du Togo

Les Togolais n’ont pas boudé, dimanche dernier, l’occasion d’élire, lors d’un scrutin qualifié de mascarade électorale par l’opposition, leur nouveau Président. Celui qui succèdera au Général Gnassingbé Eyadéma, décédé le 5 février 2005, après 38 ans de règne aux commandes du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT). A Lomé, les jeunes opposants n’ont pas manqué, parfois dans la violence, de dénoncer, une fraude massive alors que l’atmosphère était plus paisible à Kara, fief du RPT.

Les Togolais ont voté massivement, dimanche dernier, pour élire le successeur du Général Président, Eyadéma Gnassingbé, décédé le 5 février dernier. Le scrutin s’est déroulé, à Lomé, dans un calme relatif, du moins, jusqu’à la fermeture des bureaux de vote aux environs de 17h. Des incidents ont ensuite causé la mort d’au moins trois personnes et fait de nombreux blessés.

L’opposition, qui a réclamé, le report de ces élections, un scrutin majoritaire à un tour, dénonce une fraude massive, qu’elle avait annoncée depuis quelques semaines déjà. L’atmosphère était donc surchauffée en ce début de soirée dominicale à Lomé. La police est intervenue pour ramener l’ordre, notamment sur le boulevard du front de mer, l’une des principales artères de la ville, où des jeunes ont manifesté leur mécontentement face aux irrégularités qui avaient, selon eux, émaillé ce vote.

Les Togolais attendent le verdict des urnes

A Bé, bastion de l’opposition, ils ont dressé des barricades et ont patrouillé munis de gourdins et de machettes dénonçant, entre autres, le bourrage des urnes en faveur du candidat du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), Faure Gnassingbé. Agé de 39 ans, le fils du Président défunt, a joué la carte du dynamisme et de la jeunesse tout au long de la campagne et en votant, dimanche dernier, dans une tenue décontractée. Comme pour souligner les 74 ans de son principal adversaire, le candidat de la coalition des 6 principaux partis de l’opposition togolaise, Emmanuel Akitani Bob.

L’atmosphère était, quant à elle, beaucoup plus paisible à Kara, fief de Faure Gnassingbé. C’est la Commission nationale électorale indépendante qui est chargée de traiter les résultats de ce scrutin alors que le dépouillement des bulletins a commencé dès dimanche soir.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Cedeao), qui a dépêché sur place 150 observateurs, a estimé que ce scrutin s’était déroulé dans de bonnes conditions. Désavouée par l’opposition togolaise, qui l’accuse de ne pas avoir réagi lorsque «bien des engagements contenus dans la feuille de route de la Cedeao (résultat des négociations entre l’opposition et le gouvernement intérimaire, ndlr) ont été violés par le gouvernement en place », l’organisation jouit néanmoins du soutien de la communauté internationale. Ce lundi matin, Lomé affiche un calme apparent alors que le Togo attend, avec impatience, le résultat des urnes. Celui qui chassera, peut-être, l’ombre de cette « guerre civile » qu’a évoqué, vendredi dernier, le ministre de l’Intérieur limogé, François Boko.

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