
Au lendemain des élections municipales du 17 juillet 2025, le Togo confirme la domination sans partage du parti présidentiel.
Selon les résultats provisoires publiés ce lundi 21 juillet par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’Union pour la République (UNIR) remporte 1150 des 1527 sièges à pourvoir, soit près de 75 % des mandats locaux. Une performance électorale qui creuse un écart vertigineux avec une opposition déjà affaiblie, reléguée à des scores anecdotiques.
Ce scrutin local, malgré un taux de participation modéré d’environ 55 %, apparaît comme un plébiscite en faveur du pouvoir en place. Il s’inscrit dans un contexte politique particulier, marqué par la récente révision constitutionnelle qui a vu l’instauration d’une Ve République, redistribuant les rôles au sommet de l’État. Tandis que le président de la République a désormais un rôle essentiellement honorifique, le vrai pouvoir reste concentré entre les mains de Faure Gnassingbé, réélu président du Conseil.
L’opposition en perte de vitesse
Derrière l’UNIR, le paysage politique togolais se fragmente. L’Alliance nationale pour le changement (ANC), pourtant fer de lance de l’opposition pendant plusieurs années, n’obtient que 51 sièges, soit moins de 3 % des élus. Une performance en recul, qui témoigne de l’érosion de son influence sur l’électorat. L’Union des forces de changement (UFC), autre acteur historique de l’opposition, suit avec 38 élus. L’Alliance démocratique pour le développement intégral (ADDI), quant à elle, continue de progresser et décroche 34 sièges, confirmant sa dynamique observée lors des législatives de 2024.
Mais la véritable surprise de ce scrutin vient du regroupement indépendant Togolais, viens, agir (TOVIA), conduit par Joseph Gomado, ancien cadre de l’ANC devenu ministre du Développement des territoires. Avec 24 sièges, TOVIA surpasse plusieurs partis installés comme le MPDD de feu Agbéyomé Kodjo ou encore les FDR de Dodji Apévon. Ce score, bien que modeste face au raz-de-marée d’UNIR, suggère l’émergence de nouvelles forces dans un paysage politique dominé depuis deux décennies par le même clan.
Un scrutin sous tension dans une République en mutation
Ces municipales interviennent alors que le climat politique reste tendu. Plusieurs manifestations ont secoué le pays ces derniers mois, dénonçant la réforme constitutionnelle et la concentration des pouvoirs autour de Faure Gnassingbé. La réforme, qui introduit un régime parlementaire avec un président du Conseil aux commandes de l’exécutif, est perçue par une partie de l’opinion comme une manœuvre pour prolonger l’influence du chef de l’État au-delà de ses mandats présidentiels.
Malgré ce contexte agité, la CENI affirme que le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme. Toutefois, des voix critiques s’élèvent déjà pour dénoncer des irrégularités. Plusieurs partis d’opposition ont indiqué leur intention de déposer des recours devant la Cour suprême, qui a désormais la tâche de valider ou non les résultats provisoires.
Une consolidation du pouvoir local pour l’UNIR
Avec ce résultat, l’UNIR confirme non seulement sa domination nationale, mais renforce également son emprise sur les territoires. Le contrôle des municipalités permet au parti présidentiel de disposer d’un maillage local puissant, crucial pour préparer les prochaines échéances électorales et maintenir une présence politique au plus près des populations.
Pour l’opposition, le défi est désormais double : se restructurer et convaincre dans un système de plus en plus verrouillé. Quant aux électeurs, ils semblent osciller entre résignation et attente, dans un pays où l’alternance paraît toujours aussi lointaine.