Timimoun : le Sahara va s’illuminer pour son premier Festival international du court métrage


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Timimoun Festival du court métrage
Timimoun Festival du court métrage

Au cœur des dunes dorées du Grand Erg occidental, Timimoun se prépare à faire l’histoire du cinéma africain. Du 13 au 18 novembre 2025, cette perle rouge du Sahara accueillera la première édition de son Festival international du court métrage, promettant une expérience cinématographique unique où l’art rencontre l’immensité du désert.

Cette initiative portée par le Ministère de la Culture et des Arts d’Algérie fait écho aux conclusions du 52ᵉ Assises nationales sur le cinéma qui appelaient à soutenir les talents émergents et à valoriser le court métrage comme vecteur de renouveau artistique. Dans un monde où l’attention se fragmente, Timimoun fait le pari de l’intensité en célébrant des œuvres de 3 à 30 minutes qui vont à l’essentiel.

Le festival affirme dès sa première édition son ancrage africain tout en s’ouvrant à la création internationale. Réalisateurs de Bamako, Nairobi, du Maghreb ou de la diaspora africaine établie à Paris, Bruxelles ou Montréal sont invités à témoigner de la richesse des esthétiques du continent. Cette ouverture géographique traduit une ambition claire : faire de Timimoun un nouveau carrefour cinématographique sur la carte africaine.

Dans l’écrin millénaire d’une cité saharienne

Fondée au Moyen Âge le long de l’Oued Saoura, Timimoun fascine par ses habitations en banco aux teintes cuivrées qui lui valent son surnom de « perle rouge« . Ses remparts crénelés, ponctués de tourelles ornées d’antiques fresques berbères, racontent l’histoire des caravanes transsahariennes. Dans les ruelles étroites aux moucharabiehs délicatement sculptés, chaque pierre murmure des récits d’échanges millénaires.

Les ksour oubliés parsèment les abords de la ville, révélant tours de guet et citernes ancestrales, témoins d’un patrimoine architectural unique. La palmeraie s’étend sur des kilomètres, véritable poumon vert où les palmiers-dattiers centenaires offrent leurs fruits selon des techniques d’irrigation traditionnelles préservées. À quelques kilomètres seulement, les dunes environnantes invitent aux excursions en dromadaire, offrant des panoramas à couper le souffle, rosés à l’aube et flamboyants au crépuscule.

Cette région demeure un carrefour d’influences berbères et sahariennes où vibrent encore les récitals de poètes gnawas et de griots touaregs. L’artisanat local perpétue un savoir-faire ancestral à travers les kilims aux motifs géométriques, les poteries façonnées à la main et les bijoux en argent ciselé. La gastronomie saharienne réserve quant à elle ses surprises avec le couscous de dromadaire, les tajines sucrés-salés à la figue et au miel d’acacia, sans oublier le thé vert à la menthe infusé selon la tradition du Sud.

Six jours d’immersion cinématographique

L’inauguration aura lieu le vendredi 14 novembre à la salle Rajaâ Lahmar, sur la place centrale, avec une cérémonie placée sous le signe de la rencontre. Les autorités culturelles y prendront la parole aux côtés d’invités d’honneur issus du cinéma africain, avant la projection en plein air d’un court métrage algérien déjà primé dans plusieurs festivals internationaux.

Chaque jour, une vingtaine de courts métrages africains et de la diaspora seront projetés dans deux salles dédiées, l’une consacrée aux fictions, l’autre aux documentaires. Cette sélection officielle constituera le cœur battant du festival, révélant la diversité créative du continent.

Le volet professionnel ne sera pas en reste avec un programme complet d’ateliers de formation couvrant l’initiation au scénario de court métrage, les techniques de montage numérique, la direction d’acteurs ou encore les enjeux de distribution et de financement. Des professionnels aguerris réalisateurs, producteurs et techniciens accompagneront les participants pendant cinq jours d’apprentissage intensif.

Les tables rondes thématiques aborderont des sujets cruciaux comme « Le court métrage comme outil de mémoire et de résistance« , « Co-production nord-sud » ou « Genre et représentations dans le cinéma africain« . Ces débats encourageront dialogue et réflexion entre participants venus de tout le continent. Les pitch sessions permettront quant à elles aux porteurs de projets de présenter leurs idées devant un jury de producteurs et distributeurs, dans l’espoir de décrocher un soutien financier.

Quand le désert devient salle de cinéma

Au fil des soirées, le festival prendra des airs de fête saharienne. Des concerts de musique traditionnelle résonneront dans la cour du ksar illuminée de lanternes, tandis que les projections sous les étoiles au pied des remparts créeront une atmosphère unique.

Pour ceux qui souhaiteraient prolonger leur séjour, Timimoun et ses environs regorgent de trésors. La roseraie des dunes, à l’est de la ville, offre un spectacle saisissant avec ses étendues de sable rose contrastant avec l’azur profond du ciel. À l’aube, les rayons solaires transforment l’erg en palette pastel éphémère.

Les plus téméraires pourront pousser l’exploration vers Béni Abbès, surnommée la « perle blanche », où la mythique palmeraie et l’ancienne kasbah racontent l’héritage saharien. Plus au nord, la traversée des montagnes de l’Atlas saharien invite à la découverte de panoramas spectaculaires.

Les clés de la participation

L’appel à films est ouvert depuis le 15 mai 2025. Les œuvres, d’une durée de 3 à 30 minutes, doivent être sous-titrées en français ou en anglais et sont ouvertes aux réalisateurs africains et de la diaspora, tous genres confondus.

La billetterie en ligne ouvrira en septembre 2025 avec des tarifs spéciaux prévus pour les étudiants et jeunes réalisateurs. Côté hébergement, Timimoun propose des auberges sahariennes traditionnelles, des hôtels modernes ou encore des campings aménagés aux abords de la ville pour une immersion complète sous le ciel étoilé du Sahara.

L’accès se fait par vols intérieurs depuis Alger ou Oran, ou par la route asphaltée depuis Ouargla. Des navettes seront mises en place durant le festival pour faciliter les liaisons entre l’aéroport, la gare routière et les principaux lieux de projection.

Cette première édition porte en elle l’ambition de s’imposer comme un rendez-vous incontournable du cinéma africain. Si la magie du désert suscite l’émerveillement, c’est bien l’énergie collective du public et des artistes qui animera les journées et les nuits de ce festival naissant. Rendez-vous du 13 au 18 novembre 2025 pour vivre l’intensité d’un cinéma qui va à l’essentiel, dans l’un des plus beaux décors naturels au monde.

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