
Au Tchad, l’accord de paix de Miski, conclu en avril pour mettre fin à des années de conflits dans le Tibesti, est fragilisé par le récent déploiement militaire. Si les autorités assurent vouloir sécuriser la région aurifère et appliquer les termes de l’entente, cette présence nourrit la méfiance de certains habitants. Des divisions internes au comité d’auto-défense et des appels isolés à l’autonomie accentuent les tensions. Le gouvernement appelle au calme et insiste sur son engagement à préserver la paix dans le nord du pays.
Dans le nord du Tchad, la province du Tibesti est de nouveau au centre de l’attention. Malgré l’accord de paix signé en avril dernier avec les groupes armés de Miski, plusieurs contingents militaires ont été envoyés dans la région aurifère ces derniers jours. Si le gouvernement affirme vouloir restaurer l’autorité de l’État et assurer la sécurité, cette présence nourrit de nouvelles tensions et ravive les inquiétudes autour de l’avenir de la paix dans le Tibesti.
Un accord de paix sous pression
L’entente conclue en avril dernier avait mis fin à sept années de conflits liés à l’exploitation de l’or dans la région. Les permis miniers d’entreprises opérant autour de Miski avaient été annulés, à l’exception de GMIA Minerals, autorisée sous l’ancien président tchadien. Cet accord, accueilli comme une avancée majeure, prévoyait notamment le recensement des combattants et leur intégration progressive dans l’armée.
Le déploiement de nouvelles troupes a provoqué des rumeurs d’affrontements entre l’armée et la population locale, amplifiées sur les réseaux sociaux. Le gouvernement et le comité d’auto-défense de Miski ont rapidement démenti ces informations, assurant qu’« aucun affrontement n’a eu lieu ». Toutefois, certains habitants redoutent que la présence militaire ne se transforme en menace directe pour la population.
Des divisions au sein du comité d’auto-défense
Ahmat Molikini, membre du comité d’auto-défense, reconnaît que certains éléments ont exprimé leur mécontentement, allant jusqu’à réclamer l’autonomie du Tibesti. Mais il attribue ces tensions à des « opportunistes manipulés par des responsables politico-militaires extérieurs au Tchad » et affirme que la situation a été maîtrisée. Il réaffirme aussi l’engagement du comité à respecter l’accord de paix conclu avec l’État.
Le médiateur de la République, Saleh Kebzabo, estime que ces contestations proviennent de « groupes minoritaires isolés » opposés à la paix. Selon lui, le déploiement militaire vise avant tout à « assurer la relève des troupes », sécuriser la région et garantir la bonne application de l’accord dans son dernier mois de mise en œuvre. Les forces tchadiennes doivent également déloger les derniers groupes armés et orpailleurs encore actifs.