
Avec humour noir et créativité, Carine Bahanag transforme un vécu traumatique en manuel de survie illustré pour enfants victimes de maltraitance. Un projet artistique né d’une urgence sociale, une bande dessinée qui brise les tabous.
Le 12 décembre 2025 sortira un roman graphique qui ose aborder frontalement l’une des réalités les plus taboues de notre société : la violence parentale vécue par les enfants. « Survivre à un parent toxique et violent : 30 astuces et enseignements improbables », scénarisé par Carine Bahanag et illustré par Karamba Dramé, propose une approche inédite de cette problématique.
L’originalité de cette œuvre de 132 pages publiée chez Teham réside dans son ton délibérément satirique. La scénariste « parodie avec un humour grinçant les méthodes de développement personnel pour parler de la charge mentale des enfants qui grandissent avec des parents violents« . Le personnage principal, simplement appelé « la petite fille« , déploie des stratégies loufoques issues de son imagination débordante pour échapper à la terreur que lui inspire son père.
Entre drame et dérision : une approche thérapeutique
Ce qui frappe dans ce projet, c’est la volonté de dépasser le simple témoignage victimaire. Carine Bahanag, scénariste et féministe franco-camerounaise, puise dans son propre vécu pour créer un outil de libération de la parole. Le roman graphique questionne notamment « la manière dont la société perçoit les personnes ayant survécu à ce type de violences, comme étant toujours fonctionnelles et performantes, sans place pour la vulnérabilité« , souligne l’auteure.
L’univers visuel, créé par le concept artiste Nade et le dessinateur Karamba Dramé, oscille volontairement « entre malaise, aventure et rire« . Les planches dévoilées montrent une esthétique bleutée où la violence côtoie l’absurde, avec des chapitres aux titres évocateurs comme « Faire l’expérience de la prison » ou « Make up artist » qui illustrent les mécanismes de survie développés par l’enfant.
Un collectif engagé pour briser les silences

Derrière ce projet se trouve une équipe militante. Carine Bahanag, co-fondatrice de la maison d’édition féministe AFIRI Studio et du Collectif Féministe 1931, s’est spécialisée dans les récits qui donnent voix aux invisibles. Nade, éducateur·ice de jeunes enfants de formation, considère l’illustration comme « un outil incontournable pour évoluer vers une société équitable« . Quant à Karamba Dramé, il apporte son expertise de la narration graphique développée à travers ses webcomics d’Afro-Fantasy.
Cette BD pour les plus de 16 ans ne prétend pas résoudre à elle seule un problème planétaire, mais elle ouvre une brèche nécessaire dans le mur du silence qui entoure encore trop souvent les violences intrafamiliales.




