
À l’est du Congo,
les armes bercent le sommeil des enfants
depuis trois décennies.
Au cœur de terres fertiles,
où les fleuves coulent sans fin,
les enfants meurent de faim et de soif.
Une damnation qui semble éternelle.
On fuit la nuit,
quand l’ombre avale les chemins.
On fuit à l’aube,
quand la lumière n’ose pointer son nez.
On fuit lorsque les armes hurlent,
et qu’en quelques craquements
les villages se vident.
Les enfants courent pieds nus,
les épines lacèrent leur chair
comme des crochets de couturier.
Le sang se mêle à la boue,
mais personne ne s’arrête.
Les enfants courent sans destination,
leurs cris s’accrochent aux branches
comme des oiseaux blessés
qui ne savent plus voler.
Dans la brousse,
ils dorment sur la terre froide,
sous des bâches trouées ou à la belle étoile.
La pluie trempe leurs corps,
le froid achève le travail de la faim.
Leurs cris ne font pas trembler le monde,
perdu dans ses intérêts mondains.
Les enfants, arrachés à leurs proches,
se perdent au milieu de nulle part.
Leurs pleurs se noient
dans la symphonie des armes,
la seule mélodie qui captive les médias.
Et pourtant, les survivants tiennent debout,
fragiles comme l’aube naissante,
résistants comme un espoir
que le monde refuse de voir.
Combien de temps encore
pourront-ils se raccrocher à la vie,
avant que leurs cris ne s’éteignent,
engloutis par le fracas des armes
et par l’indifférence sourde du monde ?




