Soudan : les Forces de soutien rapide acceptent une trêve humanitaire sous médiation internationale


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Général Hemetti
Général Hemetti

Un nouveau tournant pourrait s’amorcer dans la guerre qui ravage le Soudan depuis plus d’un an et demi. Les Forces de soutien rapide (FSR), principal groupe paramilitaire opposé à l’armée régulière, ont annoncé jeudi avoir accepté la trêve humanitaire proposée par les pays du Quad, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Égypte. Cette initiative vise à ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable et à la reprise du dialogue politique.

Dans un communiqué diffusé jeudi matin, les Forces de soutien rapide (FSR) ont déclaré leur intention de coopérer à la mise en œuvre immédiate d’un accord de cessez-le-feu. Les FSR ont appelé à des discussions sur la cessation des hostilités et à l’établissement de principes directeurs pour un processus politique inclusif. Le mouvement affirme vouloir s’attaquer aux « causes profondes » du conflit afin d’instaurer une paix juste et durable dans tout le pays. Cette annonce intervient alors que la situation humanitaire au Soudan demeure dramatique..

Le silence prudent de Khartoum

Selon les Nations unies, plus de 10 millions de Soudanais ont été déplacés depuis le début des combats en avril 2023, et près de la moitié de la population dépend désormais de l’aide internationale. Le gouvernement soudanais, dominé par l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, n’a pas encore réagi officiellement à cette déclaration. Toutefois, des sources proches du pouvoir indiquent que Khartoum conditionne tout dialogue politique au retrait des FSR des zones qu’elles occupent, notamment dans la région stratégique du Darfour.

L’armée rejette également toute négociation qui placerait le groupe paramilitaire sur un pied d’égalité avec l’État, une position soutenue par la Force conjointe des mouvements armés du Darfour, une coalition favorable au régime. Cette dernière a d’ailleurs dénoncé, mercredi, toute solution politique incluant les FSR dans un futur gouvernement. La trêve proposée par les pays du Quad le 12 septembre dernier visait à instaurer une pause de trois mois pour faciliter la livraison de l’aide humanitaire dans les zones les plus touchées. L’initiative, soutenue par l’Union africaine et les Nations unies, devait aussi permettre de préparer le terrain à un cessez-le-feu permanent.

Une guerre qui redessine la carte du Soudan

L’acceptation tardive de cette proposition par les FSR pourrait être perçue comme un geste politique destiné à redorer leur image après plusieurs accusations de crimes de guerre. De nombreuses organisations humanitaires, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont en effet documenté des massacres de civils, notamment à El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, tombée aux mains des FSR le 26 octobre.

Sur les 18 États du Soudan, les FSR contrôlent aujourd’hui cinq provinces du Darfour, tandis que l’armée conserve le contrôle de treize autres régions, dont la capitale Khartoum, ainsi que les États du centre, du sud et de l’est. Ce partage du territoire fait craindre une partition de facto du pays, rappelant les divisions qui avaient conduit à la sécession du Soudan du Sud en 2011. Malgré les appels répétés à la paix, aucune médiation régionale ou internationale n’a encore permis d’aboutir à un accord concret. Les pourparlers menés tour à tour à Djeddah, Addis-Abeba et Nairobi se sont soldés par des échecs successifs, les deux camps restant inflexibles sur la question du pouvoir et du contrôle territorial.

Le précédent des accords non respectés

L’acceptation de la trêve par les FSR constitue certes un pas vers la désescalade, mais les observateurs restent prudents. Le précédent des accords non respectés, comme celui de mai 2023, alimente la méfiance des civils et de la communauté internationale. Selon un diplomate africain basé à Addis-Abeba, « la véritable épreuve sera la capacité des FSR et de l’armée à traduire cet engagement en faits sur le terrain. Sans cessez-le-feu vérifiable, toute trêve reste symbolique ».

Pour les habitants de Khartoum, du Darfour et des autres régions meurtries, la priorité demeure la fin des combats et la reprise de la vie civile. Les ONG appellent à la création urgente de couloirs humanitaires sécurisés, notamment dans les États du Darfour et du Kordofan.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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