
Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé jusqu’en 2026 le mandat de la MINUSS au Soudan du Sud, dans un climat de méfiance croissante entre le gouvernement de transition et la communauté internationale. Tandis que les élections prévues en 2026 se rapprochent, le spectre d’un retour à la guerre civile hante toujours le pays.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies vient de renouveler pour un an le mandat de la MINUSS, dans un climat tendu entre la communauté internationale et le gouvernement de transition sud-soudanais. Derrière cette décision se jouent de profondes dissensions géopolitiques et une crainte partagée : celle d’un retour à la guerre civile.
Un mandat prolongé jusqu’en 2026, mais à quel prix ?
C’est au terme de semaines d’intenses négociations que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2779 (2025), prolongeant jusqu’au 30 avril 2026 la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Si la résolution a été approuvée par 12 pays, la Chine, la Russie et le Pakistan se sont abstenus, exprimant des réserves sur le ton et la portée du texte. En effet, bien que la mission soit renouvelée, le texte contient de fortes pressions sur le gouvernement sud-soudanais, notamment en ce qui concerne le respect des mouvements de la MINUSS, la préparation des élections et la protection des civils.
L’objectif principal reste inchangé : garantir, par « tous les moyens nécessaires », une présence efficace et mobile sur le terrain, notamment dans les zones à haut risque. Les soldats de la paix devront poursuivre leurs patrouilles de jour comme de nuit, renforcer la sécurité autour des camps de déplacés et maintenir un accès humanitaire fluide.
Un climat politique explosif et des tensions croissantes
Le renouvellement du mandat intervient dans un contexte politique particulièrement préoccupant. Le vice-président Riek Machar est toujours en détention, ce qui compromet toute avancée significative dans le processus de paix. Les États-Unis, qui ont porté la résolution, exigent sa libération immédiate comme condition essentielle pour désamorcer les tensions. L’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a souligné que sans une action urgente du gouvernement de transition, le pays risquait de replonger dans une guerre civile.
Washington, qui s’oppose désormais à tout financement supplémentaire pour des élections sans cesse reportées, met également en garde contre l’obstruction des mouvements de la MINUSS, dénonçant des restrictions imposées par le gouvernement sud-soudanais.
La souveraineté nationale au cœur des divisions diplomatiques
La question de la souveraineté du Soudan du Sud s’est invitée au cœur des débats. La Russie, la Chine et le Pakistan, qui se sont abstenus, ont critiqué le caractère trop intrusif de certaines dispositions de la résolution. Pékin a dénoncé un texte trop sévère, qui ne tient pas compte des réalités économiques du pays, alors que les exportations pétrolières sont paralysées. Moscou, quant à elle, a dénoncé les pressions occidentales sur la question des taxes et des redevances qualifiées de « prétendument illégales ».
Le gouvernement sud-soudanais, de son côté, a réaffirmé que tout soutien de la MINUSS devait respecter sa souveraineté et ses priorités nationales. Il a également demandé des informations régulières sur le transfert de la base de Tomping, contiguë à l’aéroport de Djouba, projet jugé irréaliste par les États-Unis.
Une paix encore fragile à l’approche des élections de 2026
Malgré ces désaccords, les pays africains membres du Conseil (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) ont choisi de soutenir la résolution, estimant qu’il fallait maintenir l’élan vers les premières élections démocratiques prévues en décembre 2026. Ils ont toutefois regretté que certaines de leurs demandes, comme la prise en compte du transfert de la base de Tomping, n’aient pas été intégrées.
Dans l’ombre de cette résolution, la situation humanitaire reste critique, la violence sexuelle persiste, et les risques d’affrontements ethniques demeurent élevés. Alors que la MINUSS tente de maintenir une stabilité précaire, le véritable enjeu reste entre les mains du gouvernement de transition sud-soudanais : instaurer la confiance, restaurer l’unité nationale et garantir une paix durable.