Sénégal : possible hausse des départs de migrants vers le Maroc


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Des migrants sénégalais tentent de rejoindre l'Europe
Des migrants sénégalais

Les autorités sénégalaises n’écartent pas la possibilité d’une hausse des départs de migrants pour le Maroc. Le consul général du Sénégal à Dakhla demande plus de moyens pour éventuellement faire face à ce phénomène.

Le consul général du Sénégal à Dakhla, dans le Sud du Maroc, Babou Sène, a, selon l’APS, souligné la nécessité pour les autorités sénégalaises de renforcer ses moyens. Selon le diplomate, cette mesure permettra de garantir une meilleure prise en charge de ses compatriotes, au cas où le phénomène de l’émigration clandestine prenait de fortes proportions, en 2024.

« Possibilité que les départs reprennent massivement en 2024 »

Dans un entretien téléphonique avec l’Agence de presse sénégalaise, M. Sène saisit l’opportunité pour « lancer un appel aux services du ministère des Affaires étrangères ». Il leur demande de procéder au « renforcement des moyens logistiques du consulat du Sénégal à Dakhla ». Selon le média, « le diplomate invite le ministère des Affaires étrangères à faire venir du Sénégal un nombre important de chaussures et d’habits afin de prévenir d’éventuelles difficultés ».

« Il est toujours gênant de voir des compatriotes marcher sur de longues distances sans chaussures », a déploré Babou Sène. Le consul général du Sénégal à Dakhla lance une étonnante alerte. « Il faut intégrer dès à présent la possibilité que les départs reprennent massivement en 2024 », met-il en garde. « Pourquoi principalement 2024 ? », serait tenté de se demander le Sénégalais lambda. L’on sait que dans un peu moins de deux mois, le Sénégal organise des élections présidentielles.

Un pays actuellement sous tension

Un  scrutin sous tension dans la mesure où le principal opposant au régime est pour le moment écarté de la course. Ousmane Sonko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est poursuivi par la justice. Emprisonné, sa participation au scrutin du 25 février 2024 est plus que jamais compromise. D’autant que le Conseil constitutionnel vient de rejeter son dossier de candidature pour pièce manquante. Le pays est actuellement sous tension. Suffisant pour envisager des départs massifs de migrants ?

Rien n’est moins sûr ! En tout cas, Babou Sène a, toujours selon l’agence de presse, « rappelé que le consulat sénégalais à Dakhla ne disposait pas encore d’un véhicule adapté à la mission de prise en charge des compatriotes en difficulté après l’échec de leurs tentatives de rallier l’Espagne par la mer ». Et d’interpeller les autorités : « Il ne faut pas donner à la partie marocaine l’impression que le Sénégal ne fait pas assez d’efforts dans la gestion du phénomène ».

Bilan surestimé du nombre de migrants morts ?

Faisant le bilan du nombre de migrants morts en tentant la traversée en 2023, Babou Sène précise : « au consulat du Sénégal à Dakhla, nous avons dénombré officiellement une trentaine de décès de migrants sénégalais ». Ces derniers ayant tenté de rallier l’Espagne par la mer. Des chiffres qui, dit-il, concernent les candidats à l’émigration clandestine dont les corps ont été retrouvés et acheminés dans les morgues de Dakhla.

M. Sène a toutefois attiré l’attention des autorités sur la diffusion d’informations qu’il dit loin de la réalité. « Le gouvernement sénégalais ne doit pas accorder un très grand crédit aux bilans avancés par des ONG et organismes internationaux tels que l’OIM au sujet du nombre total de décès enregistrés en haute mer », relève-t-il. Selon lui, ces organismes s’appuient le plus souvent sur des témoignages « sans prendre le recul nécessaire pour analyser ces données et se faire une idée de leur véracité ».

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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