Sénégal : A 14 ans, ils sont chasseurs de lièvres et d’écureuils


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De jeunes chasseurs au Sénégal
De jeunes chasseurs au Sénégal

Ils ont à peine quatorze ans et ne fréquentent pas l’école. Ils sont tous passés par l’école coranique dont ils maitrisent les bases, mais ont trouvé un métier : ils sont chasseurs et passent leur temps à traquer des lièvres et des écureuils. Pour cela, ils parcourent les villages de la région de Thiès (70 km de Dakar), accompagnés de chiens, qui les aident dans leur tâche. Afrik.com les a rencontrés.

« On passe par là, on aura plus de chance d’en trouver ». Ces propos sont de Modou, 14 ans, et dirige une équipe de très jeunes chasseurs. Ils sont au total cinq garçons qui ont environ le même âge, avec une précocité chez certains d’entre eux. De ce fait, ils sont plus grands de taille. La force de cette équipe de chasseurs est symbolisée par les onze chiens qui les accompagnent. Ces bêtes sont spécialisées dans la chasse aux lièvres et aux écureuils.

Des chiens très bons chasseurs

« Il leur arrive d’attraper un lièvre et de le dévorer, surtout quand ils ont faim. Ces chiens sont braves et très bons chasseurs. Une fois qu’ils repèrent un gibier, ils ne lèvent pas le pied tant qu’ils ne l’auront pas attrapé. Il faut les voir à l’œuvre pour comprendre comment ces chiens sont bons pour la chasse », nous explique le jeune Modou, avec un sourire généreux. En face de lui, un autre de ses camarades de chasse, qui tenait leur première proie de la journée : un écureuil.

Modou tient son écureuil à côté de Lassy
Modou tient son écureuil à côté de Lassy

« C’est Lassy, la femelle que vous voyez là qui l’a attrapé. Elle est magnifique cette chienne ! », s’exclame le jeune qui, au passage, appelle la chienne qui rapplique aussitôt retrouver un de ses maîtres. En réalité, les chiens suivent les instructions de tous les  cinq garçons. Ils sont tous maîtres des chiens qui obéissent au moindre de leurs instructions. Il suffit d’un sifflement pour que les chiens rappliquent. De même, dès l’instant que l’ordre d’attaquer est donné, les bêtes s’exécutent.

La chance d’attraper d’autres gibiers

Il leur arrive aussi de traquer une proie sans recevoir d’ordre. C’est le cas lorsqu’un écureuil a surgi de nulle part et a tenté de semer les chiens. C’était trop tard, car l’un d’entre eux l’aura déjà fauché. Un deuxième gibier dans la besace des adolescents, qui venaient de parcours plus de cinq kilomètres, à pied. Le chemin est encore long, puisqu’ils venaient d’atteindre le village de Keur Sarrah Badiane. Ils vont devoir traverser l’autoroute à péage menant à la ville sainte de Touba pour rallier le village de Keur Mor Ndiaye (à quelque 3 km).

« Il faudra emprunter un autre chemin, pour espérer débusquer d’autres bêtes. Si on ne le fait pas, le repas risque d’être fade. Et nos mamans comptent sur nous pour agrémenter le repas »

Pour ces gamins, la journée s’annonce bonne, car, au bout de deux tours d’horloge, ils ont pu mettre la main sur deux écureuils. « Sur le chemin, nous avons la chance d’attraper d’autres gibiers. Des écureuils comme des lièvres. Surtout qu’il commence à faire chaud, ils vont sortir de leur cachette ». Les mômes ne chassent pas que les écureuils et les lièvres. Il leur arrive de tomber sur des reptiles comme des varans. « Ils ont de la bonne chair », explique Modou, sur un ton moqueur.

Espérer débusquer d’autres bêtes

Au moment où il lançait ces phrases, ses compagnons l’avaient déjà devancé. Ils avaient, en effet, franchis le grillage de protection de l’autoroute. Munis de leur bâton, ils n’avaient d’yeux que pour les potentiels gibiers qui pourraient se dresser sur leur chemin. Lequel est fait de pistes tracées dans un environnement fait d’herbe et de buisson, repaire des écureuils et des lièvres. Il suffit de voir la joie qui se lisait dans leurs yeux pour comprendre que la journée s’annonçait déjà belle.

Chasseurs de lièvres et d'écureuils
Les chasseurs de lièvres et d’écureuils se dirigent vers l’autoroute à péage

Ces enfants ne chassent pas par pur plaisir. Au contraire, ils ont la lourde mission d’assurer de quoi mettre dans la marmite familiale, en guise d’accompagnement pour le riz. Le gibier de la journée servira à préparer le repas du lendemain. Demain est un autre jour. « Il faudra emprunter un autre chemin, pour espérer débusquer d’autres bêtes. Si on ne le fait pas, le repas risque d’être fade. Et nos mamans comptent sur nous pour agrémenter le repas », nous lance Modou avant de prendre congé de nous.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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