Sékouba Diabaté veut qu’on parle de lui


Lecture 4 min.
Sekouba Bambino Diabaté
Sekouba Bambino Diabaté

À douze ans à peine, il est appelé par le chef de l’Etat en personne pour intégrer le plus célèbre des orchestres nationaux de Guinée. C’est là que le jeune Sékouba Diabaté gagne son surnom : Bambino. Membre du grand groupe salsa Africando et maître d’une belle carrière solo, le bambin est devenu grand. Et il entend encore grandir davantage. Interview.

Sékouba « Bambino » Diabaté ou le destin d’un griot chanteur. En Europe, on le croit seulement l’un des piliers du grand groupe panafricain salsa Africando. Alors qu’il est connu dans toute l’Afrique de l’Ouest. Alors qu’il est une star en Guinée depuis son plus jeune âge. Enfant prodige, il entame sa carrière à l’âge de huit ans. Trente ans plus tard, l’artiste vient juste de sortir son quatrième album solo, « Sinikan ». Conscient d’être un porte-drapeau culturel de son pays, il a faim d’une célébrité internationale. Très attaché à ses racines, il souhaite également, à terme, oeuvrer pour développer la musique en Guinée.

Afrik : Vous êtes aujourd’hui l’ambassadeur de la musique guinéenne à travers l’Afrique. Qui doit-on remercier pour cela ?

Sékouba Bambino : Comme tout bon musulman, je dirai premièrement mes parents, tous les deux griots. Mon père qui au départ ne voulait pas que je me lance dans la chanson, de peur que les jalousies dans le milieu artistique ne m’attirent des ennuis. Ma mère, que je n’ai malheureusement pas connue, mais qui est à la base de mon succès. C’est avec un de ses titres, Apollo, que j’ai connu mes premières grandes gloires en solo (son deuxième album solo, « Le Destin », comprenant ladite chanson, s’est vendu officiellement à plus de 600 000 exemplaires en Guinée, ndlr). Et je dois aussi remercier le président Sékou Touré pour m’avoir choisi, alors que je n’étais qu’un enfant pour intégrer l’un des meilleurs orchestres nationaux du pays.

Afrik : C’est-à-dire ?

Sékouba Bambino : Il manquait un chanteur au groupe national Bembeya Jazz International pour le festival de musique nationale. Le président Sékou Touré a fait des pieds et des mains pour que ce soit moi qui soit la nouvelle voix du groupe. Je n’avais que 12 ans. J’ai dû chanter devant neuf chefs d’Etat et plus de 3 000 personnes. J’avais le tract mais je voulais mériter la confiance qu’on m’avait donnée. Et ma véritable carrière commence.

Afrik : Comment s’est passée la rencontre avec Africando ?

Sékouba Bambino : J’étais venu en France pour enregistrer mon album Kassa. Mon producteur, Monsieur Sylla, était aussi celui d’Africando. Africando voulait élargir le groupe pour qu’il soit vraiment panafricain. Parce qu’Africando signifie en wolof « la rencontre des Africains », Sylla voulait une voix mandingue. Il pensait à celle de Salif Keita ou celle de Mory Kanté, puis il s’est demandé pourquoi chercher loin ce qu’il avait sous la main. Au départ, je n’étais qu’un invité. Ce n’est qu’au dernier album, « Betece » que je suis devenu un des cinq membres titulaires (avec le Sénégalais Medoune Diallo, le Béninois Yonas Pedro, le Burkinabé Amadou Balaké et l’Américain Rony Barro, ndlr).

Afrik : Maintenant que vous êtes bien installé dans la musique, est-ce que vous faites profiter les autres artistes guinéens de votre expérience, en montant des studios d’enregistrement par exemple ?

Sékouba Bambino : Pour l’instant, c’est surtout un manque de moyens. Je suis le porte-parole de la musique guinéenne. Et je dois remercier Dieu parce que ce n’est pas donné à tout le monde. Dès que je pourrai, j’en ferai profiter les artistes du pays. Nous n’avons aucun studio d’enregistrement en Guinée. Celui qui veut faire un album est obligé de monter à Abidjan, Dakar ou Paris. Tout le monde n’a évidemment pas les moyens. La Guinée est un grand pays de culture. Elle mérite plusieurs studios. Comme Youssou n’Dour à Dakar, Alpha Blondy à Abidjan ou Salif Keita à Bamako, j’espère avoir la chance d’offrir ça à mon pays.

Afrik : Quelles sont vos ambitions ?

Sékouba Bambino : Là où je suis arrivé, ce n’est pas une fin en soi. Pour moi, ce n’est qu’un commencement. J’ai envie que le monde parle de moi. Etre un Michael Jackson. Je suis connu dans toute l’Afrique de l’Ouest, par exemple, mais je ne suis pas connu en France. J’aimerais chanter avec d’autres artistes internationaux, des Américains, des Français. Avec une personne comme Florent Pagny.

Lire aussi : Salsa à la sauce gombo

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News