Santé : un nouveau médicament divise par deux le coût du traitement de la drépanocytose au Sénégal


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Globule rouge falciforme (pâle, à gauche), typique de la maladie Drepanocytose
Globule rouge falciforme (pâle, à gauche), typique de la maladie drépanocytose

Un générique de l’hydroxyurée, baptisé Drepaf, vient bouleverser la prise en charge de la drépanocytose au Sénégal. Disponible en pharmacie à moitié prix, il offre enfin un dosage adapté aux enfants. C’est une une avancée majeure contre cette maladie génétique qui touche 10 % de la population.

Une avancée majeure dans la lutte contre la drépanocytose est en cours au Sénégal. Un générique de l’hydroxyurée, nommé Drepaf, est désormais disponible dans les pharmacies et offre un traitement important à un prix deux fois moins cher que la version originale. Cette nouvelle accessibilité est d’autant plus vitale que l’Afrique supporte 66 % du fardeau mondial de cette maladie génétique du sang. Dakar accueille d’ailleurs aujourd’hui un rendez-vous médical consacré à cette affection.

Le Drepaf : un espoir pour les enfants drépanocytaires

Le nouveau traitement est conditionné localement par le laboratoire Teranga Pharma, en périphérie de Dakar. Ce qui rend le Drepaf révolutionnaire, c’est qu’il propose pour la première fois un dosage adapté aux enfants, une catégorie de patients particulièrement vulnérable. Le directeur de Teranga Pharma, Mouhamadou Sow, précise que le produit peut être utilisé dès l’âge de neuf mois.

Ce traitement n’est pas seulement abordable ; il est salvateur. « Il permet de prévenir les crises, réduire la douleur et donner aux enfants la chance d’aller à l’école et de réussir comme les autres« , explique le directeur du laboratoire. La drépanocytose, si elle n’est pas traitée, provoque des douleurs articulaires et des complications sévères, entraînant la mort de plus de la moitié des patients avant l’âge de 10 ans.

Une maladie génétique qui touche 10 % de la population sénégalaise

La drépanocytose est reconnue comme la première maladie génétique dans le monde. Au Sénégal, la prévalence est alarmante : 10 % de la population est porteuse de la maladie. La mise à disposition de ce générique abordable intervient alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) anticipe une aggravation de la situation.

Selon le professeur Zeynabou Fall, spécialiste de la drépanocytose, « à l’horizon 2050, il y aura plus de 500 000 naissances par an avec drépanocytose, et 75 % des cas concerneront l’Afrique. » Elle insiste sur la nécessité de faire de cette maladie « une priorité de santé publique, après le cancer, le paludisme et le diabète. »

Production locale et ambitions régionales

L’autorisation de mise sur le marché du Drepaf a été reçue par Teranga Pharma en avril dernier, suite à un partenariat stratégique avec une ONG et un fabricant indien. Actuellement, 16 000 boîtes ont été conditionnées et distribuées dans les pharmacies sénégalaises.

Le laboratoire ne compte pas s’arrêter aux frontières nationales. Teranga Pharma a l’intention de reprendre la production dès janvier 2026, avec un objectif clair : fournir les pays voisins d’ici un an. Cette initiative locale pourrait transformer l’accès aux soins pour des milliers de familles à travers l’Afrique de l’Ouest.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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