Rwanda : Victoire Ingabire toujours en détention, la justice refuse sa libération


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Mme Ingabire
Mme Ingabire

Toujours détenue un mois après son arrestation, Victoire Ingabire reste l’une des figures les plus ciblées de l’opposition rwandaise. La justice a refusé sa libération sous caution, relançant les critiques sur la répression politique dans un pays où toute voix dissidente semble vouée au silence.

Victoire Ingabire, figure emblématique de l’opposition rwandaise et présidente du parti non reconnu DALFA-Umurinzi, reste en détention provisoire. La justice rwandaise a rejeté, le 18 juillet, sa demande de libération sous caution, avançant un risque de fuite et d’interférence avec l’enquête en cours. Elle est poursuivie pour six chefs d’accusation, dont l’appartenance à un groupe illégal et la diffusion de messages incitant à la haine.

Son arrestation, survenue le 19 juin 2025, est liée à une affaire plus ancienne concernant des proches de son parti et un journaliste, tous poursuivis pour « conspiration en vue d’inciter à l’insurrection ». Pour son avocat, cette détention est politiquement motivée et dénuée de fondement juridique réel.

Une militante pacifique devenue symbole d’opposition

Depuis son retour au Rwanda en 2010, après des années d’exil aux Pays-Bas, Victoire Ingabire a été la cible d’une série d’arrestations et de procès controversés. Son engagement en faveur d’un Rwanda démocratique, fondé sur la mémoire inclusive et le respect des droits humains, lui a valu des accusations graves allant jusqu’à la « minimisation du génocide ».

Condamnée en 2012 à huit ans de prison, peine portée à 15 ans en appel, elle a finalement été libérée en 2018 grâce à une grâce présidentielle. Mais cette liberté reste très relative : elle vit sous surveillance, interdite de quitter le pays, sans même pouvoir revoir son mari malade vivant en Europe.

Une répression dénoncée à l’international

Les restrictions subies par Victoire Ingabire sont dénoncées par des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International, ainsi que par la Cour africaine des droits de l’homme, qui a reconnu en 2017 le caractère politique de sa condamnation. En réponse, le Rwanda s’est depuis retiré de la juridiction de cette cour.

Le combat de Victoire Ingabire continue, malgré les intimidations, la marginalisation dans les médias nationaux, et l’arrestation ou la disparition de plusieurs de ses soutiens. En mars 2024, la Haute Cour du Rwanda a rejeté sa demande de réhabilitation, et elle a récemment porté l’affaire devant la Cour de justice de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Malgré une répression constante depuis plus de quinze ans, Victoire Ingabire continue de plaider pour un dialogue inclusif entre le gouvernement et l’opposition. Elle appelle à une réforme politique profonde, fondée sur l’État de droit, la justice sociale et la coexistence pacifique.

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