
Les enfants de Mohamed Bazoum implorent la libération de leurs parents, détenus depuis plus de deux ans à Niamey.
Plus de deux ans après le coup d’État qui a renversé le régime démocratiquement élu, les enfants du président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, brisent le silence. Dans une tribune poignante publiée mercredi 26 novembre, la fratrie a lancé un appel à la communauté internationale. Elle exige la libération des parents, détenus depuis le 26 juillet 2023 à Niamey.
Un couple présidentiel privé de liberté et de lumière
Mohamed Bazoum et son épouse, Hadiza Bazoum, sont retenus prisonniers dans une aile du palais présidentiel. Ils sont placés sous la surveillance de la junte militaire dirigée par le général Abdourahamane Tiani.
Dans leur tribune publiée par Jeune Afrique, Lucas, Zazia, Hinda, Haoua et Salem Bazoum dénoncent les conditions de détention « dégradantes » subies par leurs parents. Ils affirment que le couple est « privé de contact avec l’extérieur » et n’a pas « eu accès à la lumière du jour » depuis plus de 865 jours. Ces conditions ont déjà été maintes fois dénoncées par les avocats de l’ancien chef de l’État.
Les enfants saluent le courage de leur mère qui, bien qu’« appelée à quitter le lieu de leur détention » en août 2024, a fait le choix de rester aux côtés de son mari. Leur seul lien avec leurs parents est une conversation téléphonique autorisée toutes les deux semaines, une « épreuve insupportable » qui les met « à bout de forces et d’espoir ».
Des accusations de « trahison » sans preuves ni procès
La junte militaire, qui a justifié le putsch par la récurrence des attaques djihadistes, a annoncé en août 2023 son intention de poursuivre Mohamed Bazoum pour « crime de trahison » et « complot d’atteinte à la sécurité et l’autorité de l’État ». Ces chefs d’accusation sont passibles de la peine de mort.
Cependant, malgré la levée de son immunité en 2024, l’ancien président n’a jamais été présenté devant un tribunal. Ses enfants rejettent totalement les accusations de la junte. Ils affirment que les responsables du régime « refusent obstinément de présenter notre père devant un tribunal » car « les accusations portées contre lui sont sans preuves ni fondement ». Ils rappellent que Mohamed Bazoum, élu en 2021, n’a jamais démissionné.
Un appel à la mobilisation nationale et internationale
La famille Bazoum lance un double appel :
- À la communauté internationale : pour qu’elle se mobilise et « mette fin à notre calvaire et à celui de nos parents ».
- Aux Nigériens : en insistant sur le fait que « le traitement dégradant réservé à nos parents est une blessure faite à notre nation », les exhortant à ne pas rester indifférents.
Les enfants se disent notamment révoltés de constater que l’ancien président Mahamadou Issoufou, allié historique de leur père, est quant à lui « libre de ses mouvements et même protégé » par la garde présidentielle. La junte, de son côté, peine toujours à éradiquer les violences djihadistes qui ont servi de justification première à son coup de force.




