Rwanda : la précarité « inquiétante » occultée par l’industrie du mensonge ?


Lecture 4 min.
Enfant à la fenêtre @Unsplash
Enfant à la fenêtre @Unsplash

Dans le pays des mille collines, l’extrême pauvreté, surtout en milieu rural tourne à plein régime.

La pauvreté rwandaise est un sujet tabou, très occulté par les autorités rwandaises. Ces dernières semblent soutenues par les medias, parfois les plus réputés. Le Rwanda y investit d’énormes moyens pour vendre son image basée, en partie, sur une fausse réputation.

Le « sportwashing » est l’un de ces outils très efficaces, exploités par le gouvernement rwandais. Pour la précision terminologique, il s’agit d’un procédé par lequel un pays utilise une équipe ou le sport de façon générale, comme moyen d’améliorer sa réputation et son image. Cette stratégie séduit follement les régimes autoritaires qui s’en servent pour détourner l’attention du public des questions relatives notamment aux droits de l’homme dans leur pays.

Nul besoin de redire à quel point le Rwanda se dépouille de ses maigres moyens pour payer, à plein pot, des sommes faramineuses aux équipes de foot, Arsenal ou encore le PSG, pour ne citer que ces deux. Le prétexte touristique exhibé, masque tout un grand projet de cache-misères et de dissimulation d’actes et de comportements dénoncés par les organisations des droits humains.

Ce monde est navrement impitoyable. Pour s’enrichir davantage, ces équipes ultra-richissimes acceptent sans scrupule l’argent du pauvre dont les enfants, crevant de faim, succombent de ses suites.

Ne dit-on pas cyniquement en langue rwandaise « usenya urwe umutiza umuhoro » ? C’est-à-dire, on prête du matériel (comme encouragement) à celui qui démolit sa demeure alors qu’il n’a aucune autre solution d’hébergement. Eh bien, ces équipes de football ont tout compris de cet adage et l’appliquent à la lettre. Bravo !

Manipulation des statistiques économiques

Ces dernières années, le Rwanda a été la cible de nombreuses critiques, lui reprochant d’avoir manipulé ses statistiques économiques. Dans une enquête publiée le mardi 13 août 2019, pour exemple, le quotidien britannique Financial Times, relayée par d’autres médias, a largement mis en cause le miracle économique tant vanté. Deux journalistes du même quotidien ont désapprouvé les informations selon lesquelles la pauvreté avait été progressivement réduite depuis 2001.

L’opposition et la société civile rwandaises, en exil surtout, ont si souvent dénoncé, mais inaudibles, la misère rurale et la violence urbaine contre les pauvres. Ces derniers ayant été chassés et pourchassés de grandes villes, à coups de matraque et parfois de fusils. Ils sont éloignés du regard des riches, mais aussi pour ne pas salir les trottoirs et les pavés faits pour les promeneurs et les touristes étrangers. Ces derniers apprécieront sans conteste « un pays » propre et développé. Mais à quel prix ? Tel n’est pas leur problème !

Aujourd’hui, les réseaux sociaux rwandais et divers témoignages pointent unanimement une dégradation outrancière de la situation alimentaire et monétaire. Le gouvernement rwandais préfère délocaliser son aide vers les pauvres de l’étranger pour le bonheur des grands médias, et par conséquent pour maintenir sa réputation.

Avertissement du rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté

Le rapport très récent de l’ONU confirme, dans un langage diplomatique, la situation déplorable de la pauvreté au Rwanda. Le rapporteur spécial, Oliver De Schutter, évoque la persistance de la pauvreté rurale notamment parmi les petits agriculteurs. Le Rwanda doit éviter une réduction de son déficit sur le dos des pauvres, avec des coupes budgétaires inefficaces et socialement injustes.

Le rapport questionne le délaissement du milieu rural au profit du surinvestissement urbain. N’est-ce pas un choix politique s’inscrivant dans la même logique de porter un costume d’apparence très soigné sous lequel on dissimule des habits ou du linge sale, très usé ?

Le rapporteur de l’ONU rappelle, enfin, aux dirigeants rwandais que La réduction durable de la pauvreté passe nécessairement par la garantie des droits humains. Dans cette perspective, les gouvernements capables d’écouter et d’intégrer les préoccupations des citoyens, conclut le rapport, sont les mieux placés pour répondre aux défis du développement».

Tout est dit !

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News